Interviewé ici, Territory « from Paris » sort son premier album, qu’il nomme Protocol. A dominante shoegaze sans s’y cantonner, d’odeur 90’s enivrante, celui-ci propose dix titres qui giclent de suite, sur les traces d’un Ride ou d’un My Bloody Valentine (Brain, batailleur sur mélodies légères, puis un Satisfied de vêture similaire, impactant). On est, un peu, dans la rêverie hautement sonique et ça se prend, sans rechigner. Dynamique post-punk, « éthérage » shoegaze bien senti font le job. White flag, traceur mais songeur dans le chant, s’en acquitte lui aussi sans faillir. Pour son tout premier LP Territory, inspiré, n’ira certes pas jusqu’à la révolution (stylistique), mais créditera sa mouvance d’un disque de valeur. Il bruisse, laisse ses guitares faire dans l’incandescent. Avec Caroline, le ton parait s’apaiser.
On est davantage, en effet, dans la retenue et ce sont les airs pop, ici, qui enchantent l’oreille alors que le fond, en avançant, se brouille progressivement. On est bien lancé, Darling explore ensuite des contrées psych-pop doucereuses avant que Decide, nettement plus tranchant, façon Gang of Four, claque un bocson à la Von Pariahs. Chaque titre joué est élevé, l’écoute le démontre sans nous faire attendre. Protocol est de caractère, il sait aussi retomber en se parant de beauté. Avallon, au départ posé, souffle une pop noisy mais également avenante, d’une belle cuvée. Under another, chargé de lui faire suite, laisse des traces sonores en son amorce, céleste. Puis il se fait massif, belliqueux au point de renforcer, solidement, l’ouvrage de Territory.
C’est quasi acquis, Protocol figurera en bonne et due place dans nos skeuds crédibles à écoutes répétées. Myers lui confère des atours cotonneux, dans le ciel mais qui tout de même, sur la fin du titre, crachent du feu. On valide, assuré de l’impact de l’opus. Celui-ci a de plus le mérite, on n’en doutait guère, de finir sur une bonne note. Trigger, post-punk un tantinet cold, imposant pour boucler l’affaire, donc, une tempête soutenue, de qualité maximale à l’instar d’un Protocol méritant de bout en bout. Qui voit le jour, bon point supplémentaire, chez Le Cèpe Records et Lofish Records où on ne rigole pas trop avec la fiabilité du catalogue.