Le Seul Elément, un peu dément, c’est Matthieu Pellerin (Oi Boys, Bishop, Loth) qui convie les amis, chope le clavier et s’enfièvre avec, le temps de nous léguer ce Juste une idée obscure de ce qu’est la fierté qui serait son troisième effort en termes de projet solo. Une immersion dark, initiée par l’ éponyme et inaugural Juste une idée obscure de ce qu’est la fierté. Huit minutes de nuit lancinante, de montées angoissantes, de flux qui soudain s’animent rythmiquement, se syncopent, dans une chape « électrobscure » qui n’a de cesse de nous noircir l’âme. Et le pire, dans tout ça, c’est qu’après assimilation guette l’accoutumance. Voix et bruits s’unissent, dans le même globe sans lumière. Ca grince de partout, on est dans de l’indus sans concession aucune. J’adore déjà, en plus le disque est splendide et sort sur des labels qui se valent grave. J’apprends à l’instant, ironie du temps, que l’aventure se bouclera sur ce skeud digne de la psychiatrie. Ca lui donne plus d’envergure encore et 00.18, qui dure plus de onze minutes, émerge lentement jusqu’à réitérer ses motifs façon marche funèbre, dont s’extrait une voix fantomatique délirante. Magnifique.
Que croyais-tu donc? Pensais-tu, toi le doux rêveur, te gaufrer le chant des oiseaux? Rembarre tes cui-cui, range ton déguisement de Casimir: Le Seul Elément te fera passer tes idées de béatitude. Danse la nuit, lui aussi au delà des 10 minutes, se charge d’ailleurs d’écraser la félicité qui derrière tes traits commence à poindre. Le morceau marrie dark-folk, drone sans fin « mais quand même y’en a une » et chants à nouveau lointains, pour un rendu qui continue à nous déglinguer la psyché. On en redemande, sous emprise. C’est aussi beau que nuptial, il faut tout de même dire qu’on n’a guère connu, chez Mathieu Pellerin, de plantade dans l’effort. La croix, le cimetière, d’un format bien plus bref, nous sert une quatrième louchée de gris foncé au moucheté black-métal sous perf’ doom/électro bargeote. Le chant y est plus présent, sans pou autant sonner content. J’adore, je l’ai déjà oui évidemment, je radote sous l’effet du vieillissement. Je suis converti quand la fin de l’expérience, ayant pour nom Maintenir les frontières (featuring LOTH), débarque avec ses 900 secondes pas piquées des vers.
Je n’arrive d’ailleurs pas, ou si péniblement, à en décrire la teneur. La composition, ici aussi, progresse comme léthargique et ce faisant, nous nique le bulbe pour la dernière fois. D’un seul coup, un déluge black-métal -ah tiens!- se fait jour, si on peut dire, histoire d’accentuer la folie du bordel. Ca beugle gavé, puis on éclaircit le tableau sans, toutefois, qu’il donne dans l’allégresse. Un coup d’oeil à la pochette suffit à le comprendre; Le Seul Elément (et on s’en contentera sans sourciller) n’est pas venu, au moment où son oeuvre se clôt, pour nous faire des bécots. Quoique…bon, en même temps si Loth prend part à l’oraison c’est que celle-ci n’est pas faite que de raison. Il s’agit tout simplement, pour l’occasion, de nous donner Juste une idée obscure de ce qu’est la fierté, sans orgueil démesuré, par le biais de cinq plages apaches et bien cinglées qu’on adorera toute affaire cessante.