L’album Out of The grey, sorti à la base en 1986, ici augmenté. Un Live At Scorgies NY, 1985 percutant. Puis un florilège d’ « unreleased », démos et out-takes. Voilà ce que nous offre Fire Records qui réédite, riche idée en plus de celles déjà émises auparavant, The Dream Syndicate. On a donc droit, d’emblée, à un opus qui délivre, généreux, sa remorque de titres rock de caractère. Le morceau éponyme, entre mélodies filantes et force rock, en donne un fidèle aperçu. Forest for the trees suit, doté des mêmes atouts. Ca va s’enchainer, tout ça, doté d’un son relifté et d’un allant qui force le respect. Qu’il plombe son effort en mode bluesy (50 in a 25 Zone), se fasse rude dans sa chatoyance (Boston) ou décide de faire dans l’alerte, le clan de Steve Wynn associe impact et mélopées sans jamais faillir. Il use de motifs bien choisis, opte de temps à autre pour une mélancolie (Dying embers) en doux-amer. Now I ride alone le voit trancher, sévère, dans la couenne rock. Il n’est pas concevable, ici, de détacher telle ou telle composition de l’ensemble. Encore très en forme à l’heure actuelle -j’en veux pour preuve ses récentes parutions, accomplies et rentre-dedans-, The Dream Syndicate tire profit, pour le coup, d’un registre « daté » mais qu’on écoute, toujours, avec un plaisir non feint. Let it rain gicle, Cinnamon girl tout autant. I won’t forget prend des airs folk, dans ses pas The lonely bull se montre lui aussi apaisé avant de s’animer dans la joliesse, légèrement psyché. Avant ça Drinking problem, offensif, aura remis du charbon rock dans la chaudière des gaillards de Los Angeles.
On aborde après ça le live, Out of the grey l’inaugure en mordant joliment. Un John Coltrane Stereo Blues gouailleur, blues-rock sans atermoiements, fort d’une pluie de guitares noisy, en est l’un des temps forts. La magnificence de Slide away, un It hits you again vivace, joué dans le rouge. The Days of Wine and Roses, porté par une vigueur redevable au punk-rock. La sortie est parfaite, acérée. That’s what You Always Say la fait rugir avec style, Dancing blind fait scintiller les guitares, met en avant une rythmique soudée. Voilà un disque qui, à l’image de l’album dont il est majoritairement tiré, s’écoute d’une traite. L’objet, de plus, est beau et inclut, cerise sur le gâteau, des interviews avec Steve Wynn himself, Mark Walton, Paul Cutler et Dennis Duck, mais aussi une charretée de photos rares. On s’en repaît, on s’en remet à peine que le troisième volet, nommé Odds & Sods, nous assène vingt et un morceaux de derrière les fagots. Ca aussi ça se prend, ça nous contraint à pousser le volume pour profiter, plus pleinement encore, d’une cuvée millésimée. Je n’en attendais pas moins, je commence à connaitre le goût de la structure londonienne pour les « reissues » aux airs de trésor.
Entre Here on Earth As Well (Demo, 1985) et le terminal Blood Money (Live At The Stone SF, 1984), joué aussi subtilement que dans l’exaltation, se suivent les pépites. Papa was a rolling stone, bridé, insidieux. Brain damage, d’un rock à la fois tempéré et vitaminé. Eighteen, rageur dans le chant, Afraid of the dark et ses notes fines. Badge, court et rock’n’roll. Je cite, je cite, je pourrais tout nommer. The Dream Syndicate, présent depuis 40 ans, n’a plus rien à prouver mais beaucoup à donner. I aint’t got nobody, déclare t-il dans l’une de ses raretés percutantes. Low rider de War, orné à l’harmonica, agrémente une compilation de créations notables non seulement en nombre, mais aussi de par leur valeur intrinsèque. Out of the grey waltz, délicat, insuffle de l’élégance. On valide donc, vous l’aurez compris, l’initiative de Fire Records qui a aussi, récemment, assuré la ressortie du Don’t ask don’t tell de Come, où officiait la mythique Thalia Zedek.