Déjà mis à l’honneur, ici, pour son excellent NaSH, RougeGorgeRouge récidive avec 4, turbulente galette où huit titres sans défauts ne demandent qu’à être platinisés sans relâche. Sous perf’ Sonic Youth, toujours, mais en notant bien que celle-ci, visiblement, est entièrement digérée, les Girondins donnent plus fière allure, encore, à leur parcours discographique. Ecorchés, mais aussi doucereux quand l’envie leur prend (un superbe (My) Evolution entre chant sensible et scories noisy toutes en beauté), ils poursuivent sur une note qui en mérite une bonne (je parle de la note, si vous suivez…). Your shadow, orné à l’orgue, débute dans la ouate mais on sent, on perçoit, une forme de tension. Pour l’heure bridée, elle arrive avec Kill my friend et ses griffures sonores alliées à des vocaux qui restent majoritairement cotonneux. Ca prend parfaitement, il faut dire que dans l’exercice RougeGorgeRouge est désormais aguerri. Il dérape, se rattrape aux branches, et trouve une portée estimable, dans la constance.
Disappear, au gré d’un équilibre assuré entre subtil et plus remuant, sans implosion, renforce à son tour l’effort. Plus loin The digger, saccadé, leste, braille et éraille. Il se pare, par là même occasion, de sonorités d’éclat. On ne parle que trop peu, je le déplore, de ces formations hexagonales qui, à chaque parution, ne troussent que du bon. Passé le (My) Evolution décrit plus haut, Finger évolue dans une fumée psych-pop presque tribale. RougeGorgeRouge, par ce biais, étire sa palette sans se regarder la quéquette. Ce n’est pas chez lui que frime et « hautainerie » président, il se voue « »tout juste » à sa passion pour l’indé de qualité. Hara Hora lui confère des airs folk, dépaysants, qui bien vite s’emballent à l’appel des tambours. Un chant céleste s’invite; on est là, encore, entre le fin et le vivace, le plus « sali ». Et ça fonctionne, ici et derechef, magistralement. Le fatras noisy s’intensifie, atténué par de belles notes.
On en est à sept morceaux et aucun n’a pris l’eau. Tout se prend, sans choix prédéterminé. On aborde par conséquent Bit Tune, l’ultime jocko de la fournée RougeGorgeRouge, avec contentement. C’est dans une veine noisy assez triturée, alerte et syncopée, que le terme se profile. Instrumental sans que ça entache, loin de là, le résultat, il baisse lentement en intensité, jusqu’à complètement s’éteindre. RougeGorgeRouge, possesseur d’un répertoire tenu, maintenant étayé, nous laisse donc un album abouti, diversifié et d’une totale pertinence, à écouter autant pour ses vertus sonores que pour son éventail large et personnel.