Une fois de plus, Araki m’offre une trouvaille à garder au chaud, qui répond au nom de Catherine Baseball. Un groupe de quatre, actif depuis son premier jet en mars 2016, qui louvoie entre pop, rock, math-rock, esquisses vaguement post et mélodies qu’on retient. Le tout est regroupé, avec agilité, sur les neuf morceaux que délivre le disque. Just because (I show you my teeth it doesn’t mean I wanna smile), pour débuter, marie clarté et intensité. Il est léger et enflammé, mélodique mais aussi explosif. Camille (guitar, vocals), Hugo (guitar,vocals), Lény (bass, vocals) et Basile (drums) brouillent les pistes, un peu, mais conservent des bases pop-rock évolutives. Bobby and the Evil Monkeys résonne pop, joliment, mais piquote et s’enhardit sans trop mordre…quoique. On remarque, ici aussi, les beaux airs. Et, plus noisy, ces échappées moins polies. De bons gros riffs griffent, She Kicked Me regorge également, à son tour, de notes séduisantes. Il pétille, impose son allant. Avec Time bends, on a face à nous une collection de perlettes, belles et peu soumises. Ca se prend, c’est de plus une coprod’ entre différents labels de qualité supérieure.
Catherine Baseball enchaine, Everywhere in the City la joue d’abord claire. Il le reste, porté par une certaine vivacité. Il se mathe, se noise, ce qui confirme la versatilité de l’opus. On approuve, ça permet de l’optimiser tout en en cassant l’éventuelle redite. Et c’est bon à entendre, ces découpes soniques dans de la drapure poppy. I Know, Sorry fait dans l’angélique, en son début. Je me dis alors que dans trop attendre, il va se tendre, libérer les décibels. Il s’anime doucement, en effet, mais s’en tient à sa retenue. Et puis non, sur son terme il fait parler la poudre. On n’est jamais tranquille, c’est pour ça qu’on se sent bien à l’écoute de Time bends. Twenty Years instaure, lui aussi, une amorce doucereuse. Mais la batterie percute le tout, alerte. Les changements de direction de Catherine Baseball sont judicieux, bien amenés quoiqu’assez abrupts. Les voix chatoient, avenantes. Du tout bon, prolongé par Ghost Friend qui, lui, trace plus ouvertement entre subtil et écorché. On suit toujours, convaincu par les franches et amicales attaques d’une clique qui semble avoir atteint son rythme de croisière.
Quelques embruns plus loin Is The Frame Worth the Painting, avec sa basse qui pulse, brille irrémédiablement. Catherine Baseball est à sa place, à son aise, dans l’alliage des options. Il recourt à des trames bellotes, les salit, déflagre à l’envi. Ca lui va « grave bien ». Il breake, cotonneux, pour ensuite filer à nouveau, sans mater dans l’rétro. Impeccable. Le titre éponyme, en toute fin de vinyle (j’ai un deal avec Araki; j’écris, je dis du bien, je reçois des disques. Je blague bien sûr, le « souci » c’est que chez eux tout est bon et souvent déviant, donc très à mon goût), livre des envolées tantôt bridées, tantôt assaillantes, sous couvert de vocaux comme de coutume proprets. Ca fonctionne sacrément bien, on se retrouve conquis par ce Time bends farceur car porteur, sous ses airs gentillets, d’une charrette d’encarts rudoyants qu’on ne peut refuser.