Anna est le projet solo, à la base, du tourangeau Martin Vidy qui a enregistré ses trois premiers albums à la maison, sur magnéto cassette. Et ouais, vintage! Il y trousse de la pop lo-fi remplie de trouvailles sonores, un brin dégingandée mais élégante, parfois hardie, en d’autres temps magnétiquement polie. Guilt est son quatrième disque, c’est aussi et surtout le premier arrangé et enregistré sous formule groupale. Thomas Lion : keyboards, guitars, vocals, François Rosenfeld : bass, vocals et Thibaut Gaudinat : drums l’accompagnent, alors que Thomas Ghazi joue du piano sur The rain. On se situe, pour le coup, dans les eaux d’une pop un brin flemmarde, qui m’évoquerait un Pavement désossé au temps de son irrésistible brillance poppy (The rain, justement). Night night inaugure, de manière tout aussi « poussive » (le terme n’est aucunement péjoratif, il qualifie avant toute chose l’option rythmique voulue), en se parant de sonorités simples et décisives, les festivités. C’est justement là, dans ces sentiers pop « paresseux » qui se décorent avec brio, s’électrifient parfois et font preuve d’allure, qu’on accroche à ce Guilt sans s’en extraire. The blame, en seconde position, soubresaute sans se monter trop offensif. Anna puise ses idées chez Broadcast, Beck ou Stereolab, ça s’entend peu car il s’essaye, d’abord, à crayonner ses propres esquisses.
On l’en loue, ça lui réussit et sa pop charme. Ainsi Description, psyché, un tantinet 60’s dans ses abords, plaira lui aussi et ce, sans hausser le ton. Modérément électrique, il use d’une avancée à la fois tranquille et assurée pour arriver à ses fins. Il y a des airs de jazz, en filigrane, dans l’album. On prend bonne note, régulièrement, de la valeur des motifs « décoratifs ». History, après le The rain décrit plus haut, fait lui aussi reluire une pop avenante, en doux-amer, qui s’épaissit passé sa moitié et prend des airs plus bourrus sans y perdre de sa prestance, de sa récurrente joliesse. Om aimerait tout de même, ce quatuor « from Tours », qu’il démarre un peu plus au quart de tour (hum…). Il le fait, éparsement, au milieu d’efforts qui le créditent. Loud love en est, il parait se modérer, prêt à rompre. Il est en tout cas appuyé, sa batterie galope et se couple encore à de belles nappes sonores. Prenons note de la sortie de l’objet chez deux écuries fiables, à savoir Howlin’ Banana et Another Record.
La pop d’Anna, c’est avéré, a du chien. Ce Loud love en affirme le trait, le durcit un peu et c’est tant mieux. Ca devenait irritant, ce trop plein de politesse pop, bien que qualitatif. Pop, psyché et plutôt alerte, la plage en question insuffle de l’hérissé, un peu prudent encore. Bugs, vif, serti de gimmicks de choix, souffle ensuite une pop à nouveau mélodieuse, certes, mais galopante et vivifiante. Ca permet, définitivement, d’asseoir l’impact de Guilt. Qui, pour sa der, délivre un Haircut aérien, folky et lo-fi évidemment. Anna, s’il reste ici modéré, je le éplore en certains endroits de son ouvrage, n’en est pas moins crédible. Oh mais attendez, l’ultime salve s’emballe, griffe, groove magnifiquement. La voilà enfin, cette touche « wild » en sus qui fait la différence et oblige la balance à pencher du bon côté, à l’issue donc d’une série solide et bien exécutée.