Autrefois leader des Beasts of Bourbon, Tex Perkins forme un nouveau projet, avec Matt Walker, qui fait suite à une passion partagée pour le « Beans and fatback » de LinK Wray. Il le nomme Tex Perkins and the Fat Rubber Band, y adjoint le bassiste Steve Hadley, le batteur Roger Bergodaz et Evan Richards aux percussions, part l’enregistrer aux Walker’s Stovepipe Studios, dans les Dandenong Ranges de Victoria, portes ouvertes sur la nature. Perkins explique avoir souhaité que l’opus sonne rural, qu’il sente la saleté, l’herbe et les feuilles. C’est fait et bien fait, le disque véhicule une country-blues aux senteurs de verdure, de terre et d’essence, aux pointes rock rugueuses. Il pue…le style, il sort de plus chez Beast Records. Pay the devil’s due, mystique, ample et enflammé, à l’âme rougeoyante, fuzz, prend déjà possession de son auditoire. Guitares splendides, chant typé, marqué par le vécu. On s’incline, pour plier à nouveau devant My philosophy et sa folk qui transporte. Transport, voilà le sentiment qui prédomine lorsqu’on explore les dix titres du Maître et de ses comparses. Vérité, absence de supercherie. Ce n’est surtout pas, de toute façon, la manière de faire.
Danger has been kind, crissant, alerte, brasse rock, country et touches folky-blues. C’est une pépite qui mord et aussi, affiche allant et magnificence. Avec quelques petits détails sonores décisifs, on obtient une rondelle de toute première bourre. Les mélodies sont léthalement justes, le jeu digne de l’équipe rassemblée pour l’occasion. In another lifetime, entre pureté acoustique et percus bien disséminées, zones d’ombres et patine vocale, séduit à son tour. For a love long gone, là où certains me font bailler, impose son sentiment. Etincelant. Tex Perkins and the Fat Rubber Band est mon nectar du samedi matin, Place in the sun y place un blues maison d’une subtilité qu’on n’oublie pas d’encanailler. Dopé au style, l’album risque d’en convertir plus d’un(e). Capté au plus près du naturel, il aligne les lingots.
Photos Martin Philby.
Outta our hands, donc, en est. Il fuzze un rock de nature blues; Perkins s’y illustre, à nouveau, dans ses vocaux. Le band affiche une unité audible, qui sert bien entendu l’intérêt du rendu final. Les chants s’unissent, surlignant une trame boueuse et luisante de panache. Poor simple minded foot se dénude, comme joué à nos côtés. Il prend ombrage, dans l’économie de notes. On joue juste les bonnes, en hommes de goût, et c’est marre. Rien à dire de plus, nul besoin d’épiloguer. Trouble goodbye, exutoire dans le mot, souffle lui aussi cette odeur de vrai, ce désir de s’en tenir à l’essentiel en y greffant son sens de l’ambiance, du jeu hanté. Il enfle, retombe, dans l’extase totale. Qu’il est bon, décidément, d’avoir le loisir de tirer profit(s) d’un tel ouvrage, boisé et « de terrain » jusqu’à son artwork même.
Mon seul bémol, et encore, tiendra dans le fait qu’à l’arrivée, assez peu d’envolées rageuses, soniques à souhait, bordent le disque. Mais qu’importe, il étoile de partout et Out there s’en vient le finir finement, dans un arrière-plan tout de même troublé. Lequel, magistralement orné, avance sur un fil et menace de rompre. Ca sent le venin, en plus d’une classe folle et récurrente, et l’émotion à fleur de corde, de peau, de fut. Tex Perkins and the Fat Rubber Band est une pépite qui, une fois acquise, vous foudroiera de par ses climats, ses élans prenants, ses harmonies parfaites et l’impressionnant savoir-faire de ses cinq géniteurs. Ca parait pour rappel chez Beast Records, ce qui me permet d’achever mon écrit sur une dernière nonne note.