Projet où s’implique entre autres le très affairé Matthieu Pellerin (Loth, Le Seul Elément, Oi Boys) au chant et aux claviers, assisté par Arnaud Ness (X Vision) à la batterie, Julien Rosenberger (Loth) à la guitare et Loic Le Goff (DCA, Le Seul Elément) au piano et à la basse, Bishop n’est pas venu, avec ce premier opus black comme c’est pas permis, violent comme une réforme gouvernementale, pour cueillir des coquelicots. Sludge, post, appelez-le comme vous voulez mais un constat persiste et s’impose: ses quatre pavés sont amenés, et personne ne gueulera pour ça, à rénover la tendance métal. I, pour commencer -notez la formidable originalité du tracklisting-, beugle et dépose une chape de noir, opaque, portée par un rythme pachydermique et des guitares qi sonnent la fin des temps. Un brin indus, décliné sur dix minutes qui anéantissent, le titre d’intro est un puits sans fond. Une descente dans les ténèbres, dans les bas-fonds d’une musique apocalyptique. Et ça s’écoute, tout cette joyeuseté, avec le plus grand des plaisirs extrêmes. Un break survient, « éclairant » presque le tableau dont s’écoulent des trainées de matière sans couleur. C’est jouissivement brutal, ça lamine et c’est hyper bien ficelé. La pochette est noire, comme attendu. Le vinyl aussi. Ca sort chez Specific et effectivement, c’est entièrement spécifique.
II, passé ce I sans complaisance excessive, emprunte une voie de même teneur: pesante, hurlée, venue des tripes. La batterie déferle, tentant de briser un mur du son solide comme un édifice de maçon. Mais qu’avons-nous fait, Matthieu, pour que tu nous brailles dessus de la sorte? Ca nous fait du bien, prends-en bonne note. On aime; tu peux donc continuer, flanqué de ton trio d’hommes de main, à nous incendier. III, si quelqu’un parmi nous en doutait encore, affirme la cohérence, l’unité d’une rondelle qui tout de même, possède de foutus pouvoirs d’accroche. Si si, et jusqu’au bout même. Ca et là, des trouées post un tantinet plus claires s’échappent de la geôle. La voix, elle, continue à s’époumoner. Ca lui va bien, elle tient d’ailleurs le cap sans verser dans le fluet, loin s’en faut. Bishop purge, brise des nuques, se permet l’audace (!!!) de jouer quelques notes subtiles sur IIII. On l’en aime plus encore, il a sûrement du coeur. Pour nous refiler un tel disque, c’est même une certitude; il prend soin de nous, du pervers régal de nos zones à sensations. On n’a alors plus qu’à se taire, dévasté par les treize minutes en rouleaux violents de l’ultime assaut. Bishop, pour ses débuts et en quarteron déchainé, gratifie son peuple d’une offrande délectable, animée par quatre attaques au Panzer d’époque.