Comment s’étaient-ils rencontrés ? Qu’est-ce t’en sais toi? Le 4 mai 2018 peut-être, au son d’un Tambour cloche? Dans les locaux de Dur et Doux? A Lyon?? Autour d’un synthé, d’un violoncelle, d’une batterie et de deux voix? Avec quelques samples, histoire de corser l’bazar? Assurément copain! Avec comme crédo, le fait de ne rien faire comme prévu. Narratif? Affirmatif! Aux textes et compositions musicales, Aëla Gourvennec et Mélissa Acchiardi se hasardent. Elles lyriquent, font leurs bourriques, ne cherchent pas -ou si peu- à se faire du fric. Bout de temps a du caractère, il ouvre et s’ouvre. Pas très sages, insoumises et parfois, presque, « classiques » (dans le style musical), ces deux-là bâtissent de l’étrange. Le titre éponyme, entre violoncelles bien mis et errance dont on ne sait où elle débouchera, se répète jusqu’à perte ou séduction. Invincible (un peu de modestie mesdames, que diable!) soubresaute, s’agite, malaxe le jazz, percute le cordon de sécurité. Sa batterie est hors-contrôle. Comment s’étaient-ils rencontrés, déjà? On s’en fout un peu non?? Hidden People ne se cache plus, met son bordel sonore à disposition, met du Plomb alerte dans son carnet de route. Ca déroute. Ca montre, aussi, de quel bois se chauffent ces deux donzelles. De quel plomb elles déglinguent, sans entraves, les canons musicaux en vogue.
Les yeux bougent, asymétriquement. On ne file pas droit, mais on se donne des droits. Bon allez, je vous le concède. Discussion intercontinentale, paisiblement dérangé, télescope le serein et le foutraque. On pourrait s’y perdre, mais on y gagne. Beaucoup. On aime, on les attend, ces sorties de route qui ne préviennent pas. Qui menacent, louvoient, speedent et séduisent. C’est la Tornade, d’abord descriptive…et qui le reste. On est pommé, mais on reste dans l’game. On nous raconte des histoires, tordues mais qu’on écoute. On se sent concerné. Attendre, nous dicte le violoncelle. Pourquoi faire? Il est interdit d’attendre…Chien et loup nous rappelle que quand même, on a bien fait. D’attendre. Il ennuie, ce Comment s’étaient-ils rencontrés ?. Il ne donne pas de réponse, ne se laisse pas dompter, s’énerve trop peu à mon goût mais captive jusqu’au bout. Ou presque car parfois, on décrocherait volontiers. Il faut être ouvert, et plus très vert, pour l’accompagner sans se barrer. Mais il est à part, si tu te barres tu rates Maudite qui ne te maudit pas. J’ai du mal à suivre, mais je réponds présent. L’expérimentation de Hidden People, en l’occurrence, enfle et se dessoude. Merci jazze, vraiment pas naze. Il faut s’accrocher, mais ça vaut le coup. Comment s’étaient-ils rencontrés ? J’en sais rien, écoute le disque bordel!
Cecilia, avec son…Italien (??) dans le chant, se la pète genre inter-frontières. C’est un peu, en termes de genre(s), ce à quoi prétend la paire. Sans caste précise, elle trace son chemin et n’entend pas s’y tenir. Elle gronde, belle mais hirsute. Elle culbute, valse (ce même Cecilia). L’altitude, qu’elles ont atteinte à force de ne rien faire sans courbes et virages, les voit plafonner. Chez Dur et Doux, comme chez Hidden People, on mate la norme droit dans les yeux; on l’envoie se faire f+++++, on la malmène avec pas mal d’allégresse. Ca fait mon affaire, en bon déviant que je suis et aspire à demeurer. Ca fera la votre, ou pas tant il est vrai qu’à certains endroits, on pourrait plier bagages sans avoir de gage. Il n’empêche que Hidden People, toujours prompt à faire l’école (musicale) buissonnière, déploie ici des atouts décisifs, qu’il appartient à tout un chacun de prendre en compte ou de laisser sur le bord de la route. Au risque, dans ce dernier cas, de passer à côté d’une oeuvre notable bien qu’exigeante.