« Emotive rock band from Bordeaux », Pretty Inside sort son premier album avec ce Grow up! qui fait suite à l’excellent EP Teargas. C’est assurément une good news, dans l’indé les mecs tirent clairement leur épingle du jeu. Supervisée par moults labels de qualité, la sortie recense onze troussées dont la première, All the time, sonne un peu comme un Velvet lo-fi un brin guilleret dans ses sonorités. Une amorce sucrée, sensible, qui va trouver en Clean Up My Room sa digne suite écorchée, souillée, garage et mélodique car chez Pretty Inside, qui est aussi Pretty Outside, on aime les ritournelles ayant de l’allure. Et vogue la galère, sur des airs qu’on garde en tête pépère. Break nuageux, puis fin du bazar pour enchainer avec 25 dont le début pourrait évoquer un Sonic Youth lorsqu’il se retient…avant de laisser libre cours à ses scories noisy, ou encore un Yuck pour la pop salie mais de classe. A chaque titre, Pretty Inside conquiert de nouveaux fans. Get Through The Day, effort folk-pop décoré avec joliesse, laisse filtrer un chant obscurément crooner, que relaie un autre organe plus sucré. Le morceau est magnifique, et puis…c’est tout.
Avec Sleep in a cage on renoue, sans planter, avec une trame alerte bonifiée par des guitares bourrues, des vocaux mélodieux, pour au final enfanter un énième standard très Breeders dans le ton et ça, c’est « po mal du tout ». Pretty Inside est excellent, même quand il fait dans la ouate totale (Go Wrong). Le violon de Stéphane Jach, entre autres invités en nombre, vient toutefois obscurcir ce magnifique titre, qui lentement menace de se lézarder sans s’y prêter complètement. Piece of shit suit, plus rock, nettement, mais en faisant valoir des chants poppy charmants…qui ensuite se mettent à brailler. Dans ses contrastes, Pretty Inside est une fois de plus au top. La basse amène un break groovy, délirant. Ca ondule, ça continue à bruisser dans le même mouvement. Le rythme s’assène, et c’est reparti dans une noisy-pop du plus bel effet. Hole in my head, après ça, entête en répétant son refrain. Il vire en une indie-pop « à la vanille », à nouveau renversante, aux très belles guitares qui grondent.
On se demande, ces gaillards de l’Aquitaine, où ils vont chercher toutes ces idées, émises par pelletées. Party, d’une beauté confirmée, calme mais soutenu, rajoute du chien à un ensemble qui n’en manquait déjà pas, loin s’en faut. Your Friend For Good n’en fait pas moins, lancé sur des rails rageurs où les vocaux se répondent énergiquement, au gré d’un rock qui vrille et laisse sortir quelques sonorités psyché. Du tout bon, ici aussi, au moment où malheureusement l’aventure trouve sa fin. You est donc chargé de conclure, non sans allure, avec finesse mais bien lo-fi sur ses derniers instants, un disque convaincant de bout en bout, jonché de tubes maison. C’est de toute façon une sorte de « tradition » chez Flippin’ Freaks et consorts, cette capacité à ne produire que du plus que crédible. Pretty Inside, avec ce Grow up!, confirme donc brillamment mes dires.