Auteure d’un Capucine Street chatoyant, la paire Pierre « Choumy » Chaissac / Jérôme Barthez répond, par la plume du premier nommé, aux questions de Will Dum…
Tu es passé par diverses formations depuis tes débuts déjà « datés » : peux-tu nous parler de ton parcours jusqu’à la formation de Sandbox, récemment, avec Jérôme Barthez ?
Vu mon âge, ça pourrait être long et chiant…et d’un intérêt très relatif.
Pour résumer, après des expériences adolescentes autour du heavy métal, du punk et aussi du rock’n roll 50’s, les choses plus sérieuses ont démarré avec D.I.T., quoique sérieux était un bien grand mot au début. On avait notre réputation de fêtards qui nous a bien collé à la peau. Mais c’est l’époque des premiers vrais enregistrements en studio : l’album chez Vicious Circle, Les concerts avec Les Thugs, Franck Black, Driveblind, Skippies, Thompson Rollets et puis d’autres qu’on a oubliés parce qu’on ne s’en souvient plus Une des périodes les plus heureuses de ma vie.
Ensuite PUDGY, avec un virage très pop et acoustique, déjà . « Les cendriers du bal « est un album qui fait ma fierté dans mon parcours chaotique. Il n’est plus disponible autrement que sur Bandcamp, en digital.
Ont suivi CHOUM ET LES PERVERS MAGNIFIQUES, projet francophone qui a connu bien des phases, où on s’est souvent fourvoyé et raté notamment avec le 6 titres qu’on a sorti. À vouloir chercher l’excellence, on a fini par sortir un produit trop propre et sans aspérités. Le meilleur reste une captation live à Cognac, enregistrement le plus fidèle. Sauvage et sans concessions.
Et puis CANTHARIDE, ma plus longue épopée. 11 ans, au départ seul avec un petit huit-pistes et des démos publiées sur Myspace, pour finir avec 3 albums accouchés souvent dans la douleur mais d’abord dans le plaisir. Un nombre effarant de gars et de filles est passé dans cette affaire. De magnifiques rencontres avec Red the Plane Records et POP-ONLY-KNOWS pour le premier album, une déception au-delà du nom avec CLOSER RECORDS. On en restera là à ce propos. Et le retour à l’auto-production pour le dernier album. Il y aura peut-être une suite…et il y a eu aussi du post-punk avant l’heure, avec des jeunes pignoufs comme STEREOLUX qui ont ensuite monté COMBOMATIX et BIKINI GORGE, du garage -prog avec ARTHEMUS SKELTON avec 2 anciens membres de WEAK. Mais aussi de la power pop avec JETTSTER DEXTER. C’est déjà trop long non ?
Y’a-t-il eu des « déclics », que ce soit en termes de références artistiques ou encore dans ton quotidien personnel, qui « à l’époque » t’ont amené à devenir musicien ?
Des déclics, j’en ai toujours et tout le temps. Mon côté boulimique pour la musique fait que ça ne s’arrête jamais…et m’appeler un musicien est un bien grand mot. Je suis plutôt un artisan, avec des outils improbables, qui fait tout pour se démerder à faire des chansons présentables. Cela dit, je suis bon à rien d’autre, en admettant que je soies bon. Mais je continuerai aussi longtemps que je le pourrai. Et si on doit mettre quelque noms : Kid Pharaon, Neil Young, Pixies, Steve Wynn, Bob Mould, Julien Pras, Mark Eitzel, You Am I, Teenage Fan Club…mais la liste est de toute façon bien trop longue …
Tu es visiblement attaché au DIY, que t’apporte la démarche ? Quelles en seraient à l’inverse, s’il en existe, les éventuelles limites ?
Pas vraiment. C’est d’abord une question de moyens financiers. À ce jour, la technologie nous permet de pouvoir faire les choses correctement et ce, même dans un salon avec un ordinateur et quelques micros. Je serais le premier à foncer chez Triboulet, au Black Box ou autres jolis studios, mais je n’en ai pas les moyens. On a réussi à investir dans un matériel très basique mais correct et à force de travail, on s’en sort pas mal…j’ai du moins la faiblesse de le croire. Et Le D.I.Y. a trop souvent été associé à des pignoufs incapables et qui trouvaient que sonner pourri, c’était classe. Ce n’est pas mon cas. On bichonne !
J’imagine qu’au sein de la scène française trônent moults artistes à l’esprit similaire au tien. Qui mettrais-tu en avant pour ces similitudes, ou encore par rapport à des collaborations mises en place jusqu’alors ? Et pourquoi ?
Honnêtement, pas grand monde ! Il y a des évidences comme Julien Pras, Stéphane Gillet ou encore Sam Balin. On a fait et j’espère qu’on refera des choses ensemble. Sinon je veux bien bosser avec Lionel des Liminanas, avec Bertrand Belin et aussi avec Camille Belin. Je suis prêt à tout, mais pas à n’importe quoi.
Pour en revenir à Sandbox, comment est né le projet ? A quoi peut-on s’attendre en termes de contenu ?
Une proposition. J’ai fait un projet de chorale autour d’une chanson de Bob Mould. 25 intervenants, un truc terrible mais qui ne sort pas à cause de problèmes d’édition et de droits. J’avais demandé à Jérôme de me faire les percussions et pourquoi pas des voix. Il est allé au studio, impressionnant et à la sortie, on s’est dit «Pourquoi ne pas faire un duo ? » Pas plus compliqué que ça, au final…
Penses-tu que Sandbox marque une évolution, une forme de changement dans le rendu ou dans ta manière d’appréhender la création ?
Non, c’est une opportunité réjouissante et à la base, sans aucune ambition. Faire des reprises qu’on aimait bien nous suffisait largement au départ. Et puis les chansons sont venues. Le gros changement, pour moi, c’est qu’on propose chacun des chansons. Enfin…
Que t’amène Jérôme au sein de Sandbox ? J’imagine que le souhait de t’associer lui n’est pas anodin…
Jérôme est un musicien brillant, réactif et exigeant. Et à la fois très détendu dans son jeu, qu’il soit batteur, chanteur ou guitariste d’ailleurs. C’est un peu le Rémi Bricka de l’histoire sans le petit singe. Je rigole, mais c’est un des meilleurs musiciens que j’ai croisés depuis le début. Et musicalement, on s’entend très bien. Nos personnalités sont tellement différentes ; lui est posé, rangé et sobre alors que moi, je suis tout le contraire! D’où, peut-être, l’alchimie qui existe entre nous…
Tu restes fidèle, depuis longtemps, à ton approche musicale. Peut-on en conclure que pour toi tout a été dit antérieurement et qu’actuellement, rien de bien original n’émane des sorties discographiques ?
Je ne crois pas avoir été fidèle à quoique ce soit. J’ai essayé bien des choses, j’en ai raté sûrement beaucoup. Heureusement, tout n’a pas été publié! Et puis il y a plein de choses que je n’ai jamais faites et que, si l’avenir rigole, je réaliserai peut-être. Sandbox, c’est mon côté brut de pomme, des chansons relativement simples et évidentes. J’ai des basiques comme tout un chacun et pour une fois, je les partage naturellement avec un autre compositeur et ça fait du bien.