Ray Jane, avant réception du cd promo, je ne connaissais pas. Estampillé Gone With the Weed, je me suis dit qu’il pouvait valoir l’écoute. La première m’a fait quitter la platine, ennuyé. Les ballades c’est bien mais au bout d’un -court- moment, tu bailles. J’y suis tout de même revenu, le doute s’étant insinué. Et là, l’attraction s’est mise en place. Comme quoi, et je me tue à le seriner à ces « grands pontes » de la zik à la parole péremptoire et définitive, il est souvent bon de se nuancer. Ce deux titres, doucereux mais parfois, aussi, acidulé, offre tout d’abord un Confusion dont le côté ouaté amortit, joliment, le tourment chanté. Synthés légers, rythme paresseux, minimalisme bien choisi font qu’en lieu et place de la résistance, on baisse nos défenses. Le morceau est enveloppant, sécure, volant. Il invite à sourire, malgré les déboires. Des encarts sombres, venus des synthés, en accroissent les penchants allégoriques. Une réussite, pour commencer, que va suivre le second, et donc dernier titre, de l’effort.
Lépidoptère, donc. Une composition qui papillonne, sans hâte, portée par une brise mesurée. Pop, électro-pop mais modérée, elle fait aussi valoir ses textes. Ray Jane, s’il nous avait dotés d’un ep entier, ou d’un album, de cette trempe, ne nous aurait peut-être même pas lassés. Son désarroi presque heureux, en tout cas léger dans ses tonalités, en d’autres endroits plus piquant, se fait vite aimer. Il chloroforme, gracieusement, son auditoire. Il offre un refuge, un havre de paix, provisoire peut-être, fragile mais assuré, ainsi qu’un joli prolongement à l’ep inaugural, sorti début 2020. A l’écart de ses formations actuelles ou passées (Police Control, Téléphérique, Skategang ou Music on Hold), Mathis impose son univers et invite à s’y glisser, le temps de deux efforts sacrément attachants.