Photo avatar: Black Smoke Celebration.
Quinze groupes en tout, deux soirées d’une diversité qui fait qu’on ne peut que s’y retrouver. D’où qu’on vienne, quelle que soit notre caste musicale de prédilection, le R4 de Revelles, niché dans la verdure d’une campagne elle aussi ressourçante, ne peut que nous combler et n’a pas failli, loin de là, à sa réputation pour cette édition 2021. Depuis 1998, il croît et nous, on y croit. De jolis noms s’y sont succédés; nous y avons pris, à intervalles réguliers et rapprochés, de belles gifles scéniques. Des dégelées signées No One is Innocent, Deportivo, KO KO MO, Luke ou Mademoiselle K, alors que le plus strictement régional faisait lui aussi, avec brio, résonner ses accords au point de mettre tout le monde d’accord.
C’est donc avec les yeux brillants -de joie, d’un bonheur retrouvé dont nous fumes trop longtemps sevrés- que je pris la route, connue, reconnue, avalée. A l’issue un autre plaisir, vif et tenace, se profilait. Ou, pour être plus précis, des morceaux de bonheur, sans vernis, gros comme le ventre d’Obélix. Retrouver l’équipe, galoper après un pass photo, boire le breuvage « de survie » aux échoppes du R4. Faire un détour, incontournable, par le troquet du patelin. Typique, typé, accueillant comme un label indé. Puis s’en retourner, appareil en main, figer des faces dont certaines, pétillantes de jeunesse, éclatantes de joliesse, côtoient les visages plus burinés de ceux qui, déjà, ont fait du chemin jusqu’à emprunter celui, d’un charme fatal, de Revelles. Grand bien leur fasse, ce choix ne se conteste pas.
Public+Cancellers.
Revelles, 2 jours d’arrêt. Une seule scène, pour le coup. Version « light » oblige. Mais une félicité intacte, décuplée, même, par des retrouvailles cochées depuis belle lurette sur le calendrier du live. Alors quand Cancellers, remonté, fait rugir ses guitares, on en profite à plein. Jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus -tôt pour moi, cette année, la faute à ces maudits panards m’ayant ramené, au beau milieu du samedi, à l’obligation de prudence-, bien trop tôt mais qu’importe: j’en étais. Veni vidi, vici, oserai-je même avancer. Gros set, bouillonnant, de Black Smoke Celebration. Abords plus mélodiques pour Attic Birds, qui passe l’épreuve sans se vautrer. Formule tranchante, entre rock mastoc et motifs électro, pour la paire nommée Hexagone (qui lui fait honneur, je parle de l’hexagone évidemment). Brailleries post-hardcore, nappés de synthés et d’encarts plus légers, pour Empreinte qui laissera la sienne. Vendredi nuit, première salve salutaire. Dans l’intervalle, une carbonade flamande, avec son écrasé de pommes de terre, au sein de l’établissement nommé plus haut. Repu, inondé d’un son si bon, je m’offre quelques repos. Je ne peux m’empêcher, à la lueur blafarde de mon éclairage domestique, d’effectuer mon tri de clichés. J’ai retrouvé le R4, j’ai mal partout mais j’en frétille de contentement.
Attic Birds+Hexagone.
Le samedi, mon samedi, sera bref. Je n’ose me l’avouer, mais je le sais. Qu’importe. Depuis 10 années déjà, je fige le R4, ses nombreux temps forts et ses gueules d’amour. Celui que nous donne Do the dirt, que j’attendais plus rugueux mais qui se permet, sans flamber, d’emperler les bons titres. Celui, funky et fusionnant, dynamique, dont nous gratifie Freak Monkeys. De la découverte, précieuse, inattendue. Parce que le R4, c’est aussi et surtout ça: te mettre en présence de combos que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam mais qui, pétris d’aptitudes, vont t’en mettre plein le buffet. Space Alligators, déjà vu et validé au Murmure du Son 2019, sera mon dernier shoot. Je ne verrai pas Edgär, je rate une bordée de groupes qui ne font pas que se regarder la croupe, valeureux qu’ils sont, mais l’essentiel est assuré; j’ai renoué. Je suis allé éprouver, déjà sûr du résultat, la tenue de ce R4 « petite taille ». Une fois remis, j’en avalerai chaque note, j’en boirai chaque clique appelée à se produire. L’ivresse sera sonique, humaine et sans ombre au tableau, « as usual » avec le R4.
Do the Dirt+Freak Monkeys.
Dans l’attente, la couleur rock et variée, souvent impactante et percutante, de l’édition 2021 m’aura mis en bouche, dans l’objectif et dans les écoutilles aussi, des sensations que personne ne viendra me dérober. J’en remercie le R4 et son équipe de passionnés, devenue infaillible, dont l’apport à l’avancée des festivals dits ruraux ne souffre pas la moindre critique négative. Une fois le retour à la normale acquis, sa portée n’en sera que décuplée. Nous naviguerons alors de scène en scène, godet à la main, dans l’éclat diurne et nuptial d’un Revelles qu’il n’a jamais été aussi bon de visiter et qui m’inspire la sentence suivante, née d’un ballon d’élixir destiné à accompagner l’écriture de ces lignes: « Quand t’es accroc, rien n’est de trop ».
Space Alligators+public.
Photos William Dumont, plus de photos ici…