Chanteur au sein des Madcaps, combo rennais garage des plus recommandables, Thomas Dahyot s’émancipe dudit groupe, par ailleurs séparé, avec Pepper White qui le voit s’adonner à un registre plus feutré, truffé de morceaux de choix, alors même qu’il pensait avoir remisé le micro de façon définitive. Bien lui en prend: l’opus est un régal, d’un velours vocal et musical qui peut, à l’occasion, piquoter plus franchement (le stylé et classieux Rom Com, entrainant, où notre homme évoque un goût inattendu pour le creux télévisuel). The Lonely Tunes of Pepper White, le disque ainsi conçu, s’amorce par ce Lonely For Too Long au timbre gentiment Reedien. Une sucrerie ornée avec un goût remarquable, Pepper White faisant aussi montre, en l’occurrence, d’un cachet chanté qu’on ne peut passer sous silence.
Quelques élégances plus loin le groove jazzy fatal de Still In Love With You, aux pianos et chants splendides, fait lui aussi son effet, durable. Il s’anime, s’habille de classe et prend des airs de premier de la classe, justement…sonore. Il y a de quoi s’enticher: la collection est d’une teneur, d’une inspiration qui, si elles avouent une poignée d’influences (JJ Cale, le Velvet, le Ty Segall de « Sleeper« , ne doivent qu’au talent de Pepper White. Son ouvrage sort, de plus, chez Howlin’ Banana et ça, si c’est pas un gage de qualité, je dépose la plume et m’en retourne roupiller toute affaire cessante.
Pas trop vite toutefois: Ok Alright m’offre son délié, posé, serein, chanté à plusieurs voix. Dahyot assure, sur sa création, la totalité ou presque de l’effort mais ses guests, de leur côté, sont bien loin de planter leur intervention. A son terme Fuckside Down twiste joliment, me rappelle Luke Haynes de The Auteurs lorsqu’il se fait chatoyant. Oh, le débit vocal, brièvement, flirte avec le hip-hop. G-Love and Special Sauce, me dis-je alors. Mais ne perdons pas de vue, comme dit plus haut, que la patine du rendu résulte avant toute chose du talent du principal impliqué. Home Alone On A Saturday Night le démontre, aussi probant sur le plan des arrangements que dans ses voix qu’on sait de toute façon marquantes. Photos et design sont également gérés, notons-le au passage, par Pepper White himself. Une embardée acidulée s’invite, elle n’est pas de trop car The Lonely Tunes of Pepper White, dans les temps où il se lézarde, reste d’un niveau élevé au possible.
Avec Lockdown, guitares éparses mais griffues, beauté du décor, détendu dans le tempo font que derechef, on plie devant le brio déployé. Diantre!, c’est un grand celui-là! Jeune et vertueux, Pepper White nous prend presque par surprise en affichant, en dépit de son jeune âge, une maturité propre à susciter les plus vives jalousies. Que Needed to Cry, splendidement allégorique, retenu et subtil, ravive sans plus attendre. Il a du chien, ce digipack en noir et blanc. Il respire la sincérité, la dextérité, s’écoute en poussant le gros bouton, vers la droite bien entendu, afin d’en gober toute la portée. Time Has Gone By, aux notes bluesy qui s’enflamment ça et là, étire cette dernière et fait qu’à l’approche du final, on n’a pas décroché un seul instant. On est resté en phase, conquis par le savoir-faire d’un artiste qui puise dans le vieux pour, au gré de ses brillantes idées, le recycler à sa sauce et sans excès dommageables.
C’est The Ballad Of Pepper White, balade entre soyeux et mordant, aux allures de BO un brin surfy que bordent des chants dans le vent, qui se charge de fermer la porte. Il siffle, avec fringance, et renvoie pour finir une prestance qui aura perduré, tout au long de l’album, sans jamais faillir. Le fait est notable, The Lonely Tunes of Pepper White mérite qu’on y passe son temps et viendra grossir le conséquent rayon, chez Howlin’ Banana, des sorties qu’il serait malvenu de contourner tant ses notes, reluisantes, en font un must de cette rentrée 2021 chargée en productions discographiques.