Nantais, The Freaky Buds est mû par un blues tantôt rauque, tantôt plus aérien, d’obédience rock mais sans s’y enfermer. Sans basse, il tabasse (Too far gone, appuyé) et Hard Days, Fuzzy Nights, son premier album, aligne dix titres d’une part honnêtes et d’autre part, solides, la plupart du temps bien campés. Way too wild, où l’on entend et perçoit un lien avec les influences bluesy électrisantes du quatuor (R.L. Burnside, Magic Sam ou encore Howlin’ Wolf), sur une voie rock elle aussi audible, ouvre la voie dans une rugosité mélodique qui, d’emblée, déblaie et convainc. L’harmonica impose sa touche, le « soulful rockin’ blues » des Freaky Buds les distingue ostensiblement. Night time is my time les emmène dans des airs plus posés, plus tempérés, ce qui a pour effet d’étendre leur champ d’action. Le tout, bien entendu, sur des ritournelles blues que l’opus décline largement, de manière ouverte. Des encarts puissants, sur ce titre, apportent le mordant nécessaire. Blues oui, mièvre non. Un certain cachet rétro est de mise, sur le délié Live my life par exemple. En trois titres, un éventail large d’esprit est parcouru et The old factory, typique autant que typé, renvoie quand vient son tour des mélodies polies mais aussi piquantes, lorsque l’instrumentation s’enhardit. Les ressentis liés au quotidien (rencontres, ruptures, doutes…) servent de trame aux textes, on est là dans des sphères qu’il est bon de visiter.
Runaway, d’abord tranquille, semble s’en tenir à ses abords mais lentement il exhale une odeur, mesurée pour ensuite s’épaissir, de soufre, que ses guitares distillent sous la forme d’embardées soniques. Sans tournebouler le genre, The Freaky Buds le crédite d’une étape qui tient le cap. Il sait jouer, s’entoure efficacement, fait preuve de constance. Louis Marin Renaud (Her) a mixé l’opus, enregistré sur bandes au Garage Hermétique. A l’issue du Too far gone cité plus haut en ces lignes, She’s made of fire suinte un blues-rock offensif, syncopé, de nature à entériner les qualités démontrées. Ca riffe cru, sans effets de manche. L’une des forces de ces Freeaky Buds, justement, est de ne pas se la jouer mais plutôt de jouer. Ca les honore: on sent bien qu’on n’est pas, en l’occurrence, face à une clique d’imposteurs dédiés au dieu billet. Hard Days, Fuzzy Nights est fait de vérité, de passion, d’implication aussi. Ca suffit à le rendre crédible, au moment d’attaquer le trio terminal.
Stalking blues, le premier des trois morceaux de fin, propose alors un climat bridé, au fond qui se grise. Il se déploie lentement, chez ces gaillards-là on est visiblement sûr de sa force, de sa capacité à ne pas vaciller. Finaud mais sous tension, il n’hésite pas à griffer. Ca se fait avec brio, brièvement aussi. When you’re not around prend la relève, à mi-chemin de l’aérien et du plus rude, impulsé par des envolées endiablées. Hard Days, Fuzzy Nights est cohérent, aucune de ses pierres ne se fissure. La baraque tient debout, construite avec de l’aplomb. The place is burning en assure la fin avec vigueur, un brin funky, dansant, racé comme le sont les neuf autres morceaux. The Freaky Buds relève le pari du premier jet, sans creux ni fautes de goût, par le biais de compositions fiables et d’un ensemble pertinent.