Sorti, dans un premier temps, en 2010, le Überschleiss de Scorpio Violente, duo messin constitué de Scott Scorpion (rythmes) et Toma Violente (synthé/voix), fut à l’époque suivi de The rapist, édité par Teenage Menopause. Il ressort aujourd’hui sous l’égide de Replica Nova, maître es ressorties barrées. Grand bien nous fasse, on a de ce fait le vicelard plaisir d’auditionner huit titres sombres, brumeux, chaotiques et captivants, qui doivent à Suicide autant qu’à Chrome (et pas chromé; on est plutôt, pour le coup, dans la rouille de mecs de l’est vraiment pas à l’ouest, qui s’y entendent pour nous concocter des pièces hors-champ).
C’est Viol et revanche, technoïde, vaporeux, au chant sorti du lointain, ou encore du souterrain, qui tire la première flèche. Puis Ray Ov Gold, minimal, obsède de par sa réitération. L’esprit est cerné, il ne peut plus que se soumettre au côté froid et mécanique d’une paire qui use de sonorités frappées, acides, à l’emprise bien assise. S’il se passe, parfois, de chant, Scorpion Violente n’en subit pas les conséquences. Ses trames chopent l’oreille, vrillent la tête, se robotisent jusqu’à prendre possession de nos sens, allant jusqu’à les dérégler (l’excellent, lui aussi, 13 ans presque 17, avec ses vagues de sons psychotropes). Glauque et décalé, Überschleiss est de plus magnifique dans son vinyle à la tête de bête (à une lettre près, on changeait radicalement de visage…). Pardon…
Grossièreté à part, les deux acolytes jouent, après ça, un titre éponyme spatial et spécial. Une fois de plus, ils s’appuient sur une passionnante redite. Ils y greffent, à l’envi, des bruits dérangés. C’est de l’indus de chez Findus, réfrigéré, un tantinet givré et c’est là une réelle distinction, qu’insinue Scorpion Violente. Parfaite pour dévier, sa série de plages déréglées prend des tons divers dans leur répétition. Rien n’est figé, rien n’est prédéfini si ce n’est cette propension, décisive, à empiler les motifs. Avec bonheur, sans trop se marrer non plus car le terrain, en l’occurrence, n’est pas des plus verdoyant. The Cherrypopper, Suicidien/Suicidesque, Suicidaire peut-être même, ne respire donc pas l’allégresse. Mais ses voix à deux, son déroulé peinard et entêtant le rendent, tout comme le reste, complètement addictif. Les titres de l’objet aux sillons noirs, de par leurs intitulés, sont en outre bien tarés. Fugue de pute mineure, fougueusement syncopé, en atteste. Il nous emporte, direction la cave. Ou le club, mais forcément underground. On n’en voit pas la fin, mais on l’écoute jusqu’à plus faim. Christopher Walken lui emboite le pas, céleste, hanté, possédé. L’effet des chants est prégnant, les spirale sonores génèrent l’envol et à l’issue, il est malaisé de redescendre.
On ne le souhaite d’ailleurs que peu, perché sur la branche Überschleiss. En toute fin de parcours We Are One, dans une noirceur vocale presque mystique et des grésillements tourmentés sur cadences assénées, se charge de conclure sans se ranger. Scorpion Violente, parfaitement à sa place chez Replica Nova, fête ses dix ans discographiques -et des poussières- avec une « reissue » de choix, à l’adresses des initiés. Du plus que bon, qui sort le même jour que l’effort de Garbage Collector. Je ne peux par conséquent, pour terminer définitivement, que vous en conseiller, voire vous intimer l’achat. Pour une somme modique, vous ferez le plein de réalisations en marge des courants polis, tout en faisant honneur à des structures à l’esprit indé chevillé au corps.