Projet d’un certain Evan Uschenko, basé en Arizona, qui a fait ses armes en tant que multi-instrumentiste et membre du groupe de son compatriote canadien Michael Rault, tournant même avec King Gizzard & The Lizard Wizard, Ghost Woman sot son premier EP avec ce Lost echo’s direct mais pas seulement, loin s’en faut. Un disque où trois titres sans trop de fioritures, dont un dernier plus nuancé que le reste, montrent le bonhomme à son avantage, déjà paré d’un Demons à la Jay Reatard/Johnny Mafia. Une entrée en matière cinglante, sur fond de riffs crus, portée par un rythme appuyé. J’en profite pour noter que l’objet voit le jour chez Full Time Hobby, gage de qualité certain. Il ne s’inscrit certes pas, d’un point de vue timing, dans la durée. Mais sa qualité le rend bien plus estimable qu’un effort plus long souffrant de remplissage. Posé dans une ferme abandonné transformée en studio, Ghost Woman paraphe un « debut EP » qui ne flanche pas. Dead and gone, plus bluesy bien que sulfureux, se fait légèrement psyché. Dans une forme de vice, bien entendu, dans les vapeurs d’opium aussi, semble t-il. Un brin mystique, superbement joué, il valide l’excellente impression produite par le tout.
Uschenko a de plus clippé, de belle manière, deux de ses trois compositions. Au son, probant, s’allie donc l’image. It might be dress day, instrumental lancinant, se déploie sur quatre minutes passées. Le format, étonnamment long au vu des deux autres proposés, lui permet d’imposer ses penchants aériens. Il obsède, à l’issue on s’en ira bien volontiers rejouer le tout. Celui-ci s’envoie d’une traite, sans nous prendre en traitre. Il n’y a pas tromperie, c’est du pur jus et s’il faudra confirmer -l’ep ne peut d’ores et déjà, à lui seul, consacrer son auteur-, un constat s’impose: Ghost Woman détient toutes les vertus nécessaires à faire la nique aux figures du genre qui le concerne. Il a le bon goût, de plus, de ne pas s’y restreindre. Large, fort d’idées qui portent leurs fruits, il commence en étalant des aptitudes de très bon augure.
On lui souhaite donc, en même temps qu’on rejoue son Lost echo’s dont le terme me fait penser aux Black Angels (on a connu pire comme rapprochement…), la reconnaissance qu’à l’avenir, il devrait en toute logique récolter. Pour l’heure il trône, au sein de son label, aux côtés des Tunng et autres Spencer Cullum, entre autres formations de premier choix. Son rang n’est pas volé, ses créations pour le moins encourageantes et l’audition se fait fort, sans décrocher un seul instant. Le jour où le gonze opérera sur un format plus étiré, nul doute qu’il titillera les sommets mais avant cela, il s’agit d’ingurgiter jusqu’à satiété, dans un premier temps, son EP sans uniformité ni linéarité.