Qu’il nous est précieux ce Troy Von Balthazar, aka TvB, auteur ces jours-ci d’une sixième galette solo à la sincérité une fois de plus touchante, d’une part, et enchanteresse, d’autre part, de par sa mélancolie superbement enrobée. Après nous avoir séduits, à l’époque Chokebore, de son rock indé reconnaissable entre mille, le ressortissant de la Creuse a enregistré ce Courage, mon amour! dans l’autonomie la plus totale, au sein de son propre studio. Il dévoile, dans l’écrin d’une plume inspirée, une superbe série de titres indie-folk dont l’étoffe fait que très vite, on a envie de s’y draper. De s’y lover, à l’abri de tout souci, porté par, pour débuter, ce Black black au fond ombragé. Une amorce toute en retenue, ténue, d’une écorce sobre. Brillance vocale, tons poignants et pourtant enjoués, idées porteuses dans l’ornement font de suite la différence et le registre de Troy, sinon unique, tout au moins profondément intime et personnel, fait valoir un cachet récurrent. Merci Mister, on se sent bien dans ton antre et Mr. Cohen, dans une configuration aussi dépouillée, touche au coeur. « She misses you, she misses you, she misses you », chante notre homme, au beau milieu de textes notables. Des mots dont on relève, une fois encore, le superbe socle sonore. Immersives, évocatrices, ses trames folk n’ont besoin de guère plus que trois bouts de ficelle, et la vérité de l’être, pour qu’on en fasse notre refuge.
Ainsi Snowflake, chatoyant, referme t-il derrière nous la porte d’un univers familier, digne des plus grands, qu’étaye une discographie d’ores et déjà accomplie. Violent summer, en dépit de son intitulé, embaumera nos jours et notre fin (faim aussi) d’été. Lo-fi, pop dans toute sa douceur, Courage, mon amour! intime ses ressentis, purge l’âme et nous sert un You owe me subtil, aux notes finaudes. Dans l’économie de surenchère, minimal, Troy chante pour l’humain. Poétique, son disque scintille dans l’ombre. Jacob, gentiment noisy, le rend si éloquent. Ses motifs sont beaux, souillés aussi. Du lo-fi sans failles, que Move me ramène ou presque à son plus simple appareil. Il fait bien, c’est le mode d’expression idéal et des trouées électriques mesurées ornent le morceau avec panache. On aime, d’ailleurs, quand TvB tache ses compositions. Il y a du tourment dans la beauté, la sérénité de ses efforts. Et à l’inverse, de la splendeur dans son désarroi. C’est ce qui fait, parmi d’autres atouts décelables, toute la sève de ses albums.
What I like about me, pur, offre un jeu changeant. Entre le doux et l’orageux, occasionnel. Lorsqu’avec classe, il s’exalte, Courage, mon amour! touche au ciel. Le monde extérieur, bref et narratif, frappe en quelques mots. Pas plus. Un refuge, vous disais-je plus haut. L’art, à partir d’éléments réduits, de faire mouche sans le moindre fard. Until the day aiguise l’expectative. De l’amour, qui point ici au détour de tout. Just don’t it s’agite amicalement, il met de la vie là où, déjà, celle-ci a d’ores et déjà ses droits, sa légitimité. Ses voix croisées sont merveille. Other people suit, orné avec goût, à l’aide de sons qu’on prend en compte. Courage, mon amour!, Troy est de retour. Armé de son verbe, nanti d’un carnet de route pour le moins abouti, fort d’une expression musicale qui ne doit qu’à lui-même, à son parcours de vie, il signe un come-back merveilleux.
End crazy, en se faisant tempétueux dans la quiétude, lui met fin de manière désarmante. On en viendrait presque à souhaiter que Troy, qui excelle dans l’option, salisse plus souvent le tableau. Il n’empêche, ce dernier resplendit. Courage, mon amour!, d’une qualité persistante, transpire l’authenticité. On n’en attendait pas moins de l’artiste, le rendu est largement à la hauteur des espoirs que son annonce fit naître. Un live acoustique est prévu ce vendredi, il importe d’en être après acquis l’album. Ceci dans l’attente des lives à venir, magnifiés par la pléthore de morceaux significatifs issus de l’encre et des notes de TvB.