Projet d’Alban Blaising, de Nancy, Feu Follet signe avec Beneath The Earth son troisième album. Le panel musical peut aller du cosmique à la new-wave, voire cold-wave, alors que le chant se veut racé et déviant. Neuf titres des plus attractifs s’offrent à l’auditeur, Back to the Sun (ft. Pat Aubier) amorce le décollage et pose une touche synthwave plutôt « new » en termes de wave, typée et aussi spatiale qu’enlevée. Cachet vocal, voix de choix et motifs de synthés bien amenés font le job: on entend presque, dans le chant, un Depeche Mode dans ses temps alertes. A l’arrivée le genre, qui ratisse large sans en pâtir, n’est pas directement définissable. Ca singularise l’opus, qui enchaine avec A Light Underground (ft. Vlimmer). D’airs à la Tangerine Dream, on évolue vers un tempo débridé et, à nouveau, des trames sonores obsédantes. Tantôt 80’s, souvent personnel, Beneath The Earth part sur des bases estimables. Il perdure, ensuite, en qualité. Fox and Shaman (ft. Isabelle.B Baumann) convoque un organe féminin, file avant de se syncoper. Il est, tout comme le reste, entrainant et concluant. On a la sensation, à l’écoute, d’une virée dans les cieux sur des tons vifs. L’inspiration, dans le décor comme dans la diversité des vocaux, est remarquable.
Fort de ce bon début, le Lorrain nous sert ensuite un With You (ft. Vlimmer) planant. Déjà « aspiré », l’auditeur prolonge son épopée. S’y greffent, bienvenues, des incartades mordantes. Journey (ft. Isabelle.B Baumann) confirme l’apport des invités, dont la touche « de dame » s’avère être marquante. Pat Aubier reprend le collier, sur Stone Eater, et démontre que lui aussi crédite le tout sans peiner. Entre rudesse et groove dans le vent, voilà un titre qui s’en sort avec brio. Un de plus, devrais-je dire, dans une collection de grande valeur. Des boucles dark surgissent, le rendu n’est pas des plus prévisibles. En bon Feu Follet, Blaising le façonne selon une méthode bien à lui, une approche qui n’est due qu’à sa propre vertu. The Tree (ft. Vlimmer) laisse pleuvoir ses sonorités et briller, d’un éclat grisé et grisant, ses parties chantées. A aucun moment, Beneath The Earth ne déçoit. La trouvaille -c’en est une, après « fouinage », en ce qui me concerne-, est constamment intéressante. Avec Falling (ft. Natacha Lubin), l’énergie semble retomber.
Le résultat, pourtant, continue à séduire. A l’issue d’une entrée en matière mesurée, on s’embarque dans une trouée sombre. Chant susurré, un brin mutin, et claviers plaisants, jamais inertes, en assurent la portée. Les cadences varient, adroitement. On cite les noms, à l’encontre de Feu Follet, de Laudanum, Anne Clark, The Cure, O.M.D., New Order ou encore le Clan of Xymox des débuts. Il y a de tout ça, sans nul doute, au détour des compositions. Mais l’effort en présence renvoie avant toute chose au talent et à la vision de Feu Follet. Lequel, autonome dans ses travaux, tout de même sacrément bien entouré, sait y faire et use d’un répertoire convaincant. World Fell Apart (ft. XTR HUMAN) en assure une terminaison probante, aux confins du velours et la pierre. L’affaire est pliée, rondement menée. Beneath The Earth rallie l’assemblée à sa cause: sa fin est d’ailleurs, à l’instar de l’ensemble, aussi acide que soignée, et ses morceaux sans déplaisir aucun au fil des écoutes successives.