Chez Platinum, outre la qualité et l’ouverture stylistique du catalogue, on abrite un gaillard, El Vidocq, qui compile au gré de genres variés et « à la lisière », à l’allure rétro ayant…très fière allure. Avec SEX-O-RAMA, le bonhomme prend des risques, j’entends par là, quitte sa zone de « confort » habituelle. Il recueille des râles, des soupirs de plaisir, ratisse dans une ère où la libération sexuelle battait son plein et, comme à l’habitude, fait groover le bazar avec un putain de goût, du nez, et sa science du morceau qui fait…jouir et fredonner. C’est parti, on se défrusque direct et Erotica, signé Rita et troussé en 1969, ça ne s’invente pas, crédite d’emblée le choix de notre homme. Groovy, jazzy-funky, sexuel en diable, lascif et dopé à la gratte qui ondule, acidulée, il déclenche les premières vagues, incoercibles, d’une montée vers l’orgasme sonique.
Hum! Hum! Love is strange, pondu par Françoise, apporte une forme de « Gainsbourisme » dans le ton, cuivré avec classe, pas moins explicite que le titre introductif. Des early 60’s au late 70’s, on exhume des trésors enfouis, auxquels le Sesso matto d’Armando Travaioli refile exotisme et touches de sax bien sex. On s’y laisse prendre, sans jeu de mots douteux, gagné par la valeur des morceaux recensés. Sexy Dracula, d’un certain Monsieur Goraguer, régale de ses « touh-touh-touuhhh », de scories lights et de chants masculins démoniaques. A sa suite Top secret, de Jacques Frençay et Sonia Reff, fleure les 60’s/70’s déliées. Il délire avec éclat, n’en finit plus de dire oui…puis Les chattes, de Géraldine, twiste dans le sucré. C’est Jean Yanne, d’un Coït entre quasi-inconnus voués à le rester, qui jouit sur fond de cordes pour clore la face A d’un tout réellement captivant.
Alors Big five, paraphé par Prince Buster, vient jazzer dans la cootitude. Tout, ici, incite à la détente, à l’abandon. Des corps, notamment. Jolis cuivres, cadence presque reggae le rendant dansant. André Bourvil & Jacqueline Maillan dépucèlent Gainsbourg, si on peut dire, avec un ça (Je t’aime moi non plus) joueur et suggéré. On en chope des rhumatismes, au son de l’immense succès du grand Serge. C’ex, où Philippe Nicaud fait le nigaud, est lui aussi sans trop d’équivoque. Le sexe est arpenté sous ses moindres formes: fougueux, tendre, moite, débridé, « frontal » ou saccadé, il suinte par tous les pores, en plus de briller musicalement. Avec Encuentro, Noelia Noel soupire et se donne. Le ton est syncopé, le râle étouffé avec peine. SEX-O-RAMA passe à l’acte, le Sexo-phone de Jean-Bernard de Libreville étend son champ d’action. On arrive alors à la dernière ligne droite, à la dernière courbe avantageuse. Six huit, de Michèle Mercier, vante le (gros) calibre. Puissance et virilité, passées au filtre d’une voix de dame charmeuse, en constituent le thème dominant. Comme le mâle?
La parité, en l’occurrence, régule néanmoins l’ensemble. A l’heure d’en finir c’est African love (The Afro Rhythm Group), issu lui des années 80, qui pousse les derniers cris. D’extase évidemment, de plaisir, de délire. SEX-O-RAMA tient en haleine, livre une sélection de choix et un panel d’approches étiré, pour au final séduire sur la durée et unir les corps, au(x) rythme(s) d’échanges dont la visée n’est guère trompeuse. On en salue la variété, la qualité musicale et le flamboiement d’antan, en phase avec une époque où tenue et déchainement, dans le son comme dans la sphère du sexe, voisinaient allègrement. SEX-O-RAMA tire donc le meilleur de l’époque en question, pour s’adjoindre à la multitude de recueils d’ores et déjà fondés par le très prolifique El Vidocq entre les murs de la structure Platinum.