Finlandais, Horte arrive avec ce Maa Antaa Yön Vaientaa à son troisième album. Fascinant, il s’évertue à tisser ses propres fils sonores, lesquels doivent au shoegaze autant qu’à une forme de psychédélisme aux airs changeants. L’usage de la langue natale du quatuor apporte un certain dépaysement qui, couplé aux trames envoûtantes que dévoile le disque, auront raison des opposants. Pelko karistaa järjen, d’emblée, dresse un édifice rêveur, au chant féminin céleste et aux sons vaporeux. Le rythme se syncope, de douces vagues dreamy imposent un flux absolument délectable. L’emprise est d’ores et déjà forte, tant en termes de sonorités que du point de vue des ambiances instaurées. Ilman nurkka, également lancinant, drapé dans des sons magiques, une voix toute en beauté, s’envole vers les sphères dreamy-shoegaze que de temps à autre, Horte encanaille avec à propos. Kilpemme, au troisième rang d’une fière série de morceaux ensorcelants, vient ensuite poser ses effluves paresseuses. Après une lente amorce, il se saccade, se fait plus sonique. Le chant se perche, haut, au point de totalement nous posséder. Il y a, chez Horte, une dextérité dans l’élaboration de ses climats, dans le recours à des phrases musicales bluffantes, qui fait de Maa Antaa Yön Vaientaa un opus majeur et en marge.
Valoa on liikaa, un brin post-rock, un soupçon électro, se montre subtil. Immuable ou presque, il en devient d’autant plus grisant. On guette toutefois l’encart sauvage, celui qui surgirait pour lézarder le tout et lui donner plus d’envergure encore. Kun joki haihtuu livre une texture spatiale, entre sons à la My Bloody Valentine et, comme de coutume, vocaux splendides, éthérés. On se laisse prendre, à nouveau, à la magie que, comble du bonheur, des guitares orageuses fissurent soudainement. Le fond, après cela, reste menaçant. Le morceau conserve son élégance, on touche là à l’excellence. Mieux, on s’en imprègne. Väisty tieltä, d’un shoegaze tumultueux, rajoute du vitriol dans dans la marmite finnoise. Au coup de semonce succède la voix, plus loquace qu’à l’habitude. J’en remercie Chris Breuer, mon relais chez les indispensables Pelagic Records, pour cette découverte magistrale.
Subjugué, je constate que le terme du trip pointe le bout de ses notes. C’est avec Konttaa, ne konttaa II, dépouillé, que l’épopée trouve son dernier souffle. On en ressort enchanté, fier de la trouvaille. Chez Pelagic Records l’équipe en place, dédiée aux formats qui interpellent, a le don de nous dénicher des formations aux registres hors-champ. Juho Vanhanen (Oranssi Pazuzu) a par ailleurs épaulé le groupe pour la production de Maa Antaa Yön Vaientaa, sans nul doute l’un des efforts les plus immersifs de cet été. Un enchantement continuel, qui berce et sécurise tout comme il peut, au détour de ses sentiers en apparence posés, griffer avec le même pouvoir de séduction.