Basé à Zürich, Thymian est le projet solo de Josip Tijan. Un EP éponyme a vu le jour en juillet 2019, deux ans après sort ce premier long play que le Suisse affuble du nom de Rhythm of doubt. De voix graves et pourtant avenantes à des motifs volants, de synth-pop en accostages post-punk en passant par des teintes cold et new-wave, l’Helvète tire son épingle du jeu et Frustration, pour débuter, allie chant typé et étoffe ténue, sur une cadence appuyée. On aime, déjà. It Is Just Natural, d’un ton aussi vif, froid et doté de sons encore prenants, de basses qui font bouger le corps, entérine le style du bonhomme. “Rhythm of Doubt” describes the often experienced phenomenon of paralysis by analysis. Each song was used as a valve to break the vicious cycle of losing oneself in a neverending train of thought, prévient le Bandcamp de l’artiste. Celui-ci, en plus de ses chansons de valeur, aborde donc une thématique qu’on ne peut qualifier de creuse. Immune, filant et syncopé, au mitan du froid et d’incrustes plus claires, n’est pas lui non plus dénué d’attraits. A Great Divide sonne, comme bien d’autres, un peu hybride. Et concluant. On est à la croisée de genres divers, dont on reconnait certaines bribes, ça et là, et dont Thymian propose un bel amalgame.
What We Desire, s’il retombe en énergie débridée, optant pour un contenu plus climatique, n’écorne en rien ce Rhythm of doubt fort d’une unité affirmée. Interlude, en dépit d’une durée réduite, confirme un passage plus céleste, presque dream-pop, voire shoegaze, avant que Ponavlja se ne réinstaure un rythme alerte. Le chant en…Croate si je ne m’abuse, introduit par ailleurs une certaine forme de dépaysement. Le groove flemmard d’ I Should Have Seen It Coming, dans la foulée, suit une voie déliée. Simplicity trace, fait dans le cold, m’évoque Rendez-Vous de par chez nous. A aucun moment, Thymian ne démérite. Sa place chez Young and Cold n’est sûrement pas volée, il accompagnera notre quotidien en y peignant des esquisses habiles. Work In Progress, plutôt persuasif, orné qui plus est de cuivres qu’on remarque, l’amène à finir de belle manière. Pour l’apport de l’instrument on dirait, un peu, les Psychedelic Furs. C’est pourtant bel et bien Thymian, Tijan et ses efforts à saluer, qu’on entend là. Des voix de fond s’invitent, le terme est de fait réellement probant.
L’opus est bon, ne dévoile aucun temps faible ou négligeable. On valide donc, en même temps qu’on en fait l’appréciable découverte, l’univers personnel de Thymian. Son Rhythm of doubt s’écoute avec plaisir, se démarque, fait montre d’une marque audible, et mérite bien quelques Marks. Le cap du premier album est franchi avec panache, à l’avenir il s’agira de confirmer mais les capacités affichées inspirent confiance et fiabilité. Au rythme du doute, on profite ainsi d’une rondelle destinée à certifier l’approche d’un homme doué, qui sans forcément révolutionner le son parvient ici à une vision attractive et un rendu jamais trop influencé.