Ah ouais, des « rebuts »? Tu parles…ces huit titres auraient largement leur place sur un album. Le Syndicat Electronique, projet hyper-prolifique tenu depuis des lustres par A//, aligne les morceaux électro de d’sous la terre, groovy, incontrôlables, dark et vocalement déviés. Un nouvel album destiné à dézinguer l’ennemi verra le jour le 1er août chez Hiératique Records, mettant fin à 16 années de silence. Mais avant cela, plongeons-nous dans ces Rebuts au son desquels on Tape du pied, poussé par un premier titre où voix robotisée, séquences et grésillements font bon ménage. Vaporeuse, triturée, l’atmosphère se saccade, sert tout à la fois sons fins et giclées huileuses. La dune morte, deuxième salve électro-cold faite elle aussi de sonorités qui bifurquent, d’un chant aux textes gris, confirme. Quant à ce Remember et ses vagues crépusculaires, il se pose en instrumental « de nuit », parfait à écouter dans les temps d’insomnie. Il est suivi de The Black Stone, série de pulsions sur lit de chant loufoquement captivant. Quoiqu’il fasse, qu’il expérimente -c’est souvent le cas- ou opte pour des formats plus…euh… »normés », Le Syndicat Electronique gagne ses galons.
Notre-Dame Is Burning, avec ses sons de guitares détournés -c’est, tout au moins, ce que j’y entends-, ses bruits une fois de plus « maison », des vocaux obscurs, n’est pas moins persuasif. « Paris brûle, Paris Brûle », répète t-il obsessionnellement tout en alliant deux types de chant joliment contrastés. Le Syndicat Electronique est une institution, nichée dans les tréfonds de l’underground. The Boots Of The Storm lui aurait valu sa place, « direct », sur les compils A Man and a Machine initiées par Le Son du Maquis. Là encore, les voix s’allient, s’aliènent, les syncopes raflent la mise et enfantent un rendu en marge. No Message, ensuite, en fait pourtant passer un (de message); celui d’une électro aussi volante que cadencée, céleste et appuyée, dont Le Syndicat Electronique garde les clés bien planquées dans ses synthés. Impossible de ne pas tripper, ses efforts t’emportent et te virent, de ta caboche en pleine bamboche, tes idées de confort sonore. C’est le meilleur des chemins, celui qui consiste à tracer des lignes qui n’obéissent pas aux canons de la géométrie musicale.
This line, au moment de conclure, le fait avec allure. Abrupt, robotique, presque « à poils » tant il se passe du superflu, il termine un disque aussi abouti, dans le désabouti, que tout ce que façonne Le Syndicat Electronique. Après écoutes en torrent, je m’apprête d’ailleurs à explorer le Never Too Late To Do It Right ! à sortir en août, d’un contenu pas moins éloquent, porteur de neuf plages qui marqueront un retour de marque, à sortir chez Heathen Electronics. Une mine de sons insoumis, de climats qui prennent le chou jusqu’à l’addiction, fabriqués par un gaillard dont le Syndicat incite l’auditeur à y prendre sa carte, attiré par une multitude de créations hors-cadre et sans courbettes à l’encontre des malfrats des hautes sphères.