Dans l’attente de son nouvel album prévu au printemps 2022, auquel ont pris part Larry Mullins, Bertrand Burgalat, Geoffrey Burton et, si je ne m’abuse, Toby Dammit, James Eleganz s’offre une parenthèse en initiant une série d’oeuvres discographiques nommée « Session To Session » en s’inspirant de l’esprit de certains lieux. Pour ce premier volet il a pu investir, avec le concours de la municipalité de Dinard, une villA chargée d’histoire qui lui a permis de pondre ce disque élagué, à la folk ombrageusement féérique. Une collection de neuf titres à la beauté parfois vénéneuse, que The only one dévoile sobrement. Au point qu’on jurerait que le rennais se tient là, à nos côtés, jouant juste pour nous. Il véhicule du sentiment, du ressenti, sans tricher ni se cacher. Il est une fois de plus dans le vrai, sensible et sincère. Charlie pie le voit continuer sur la même voie, la même voix aussi, dotée d’une pointe de mélancolie. La guitare de Gaëtan Grandjean, avec mesure, étoffe ses mots. Son organe vocal a du chien (Forgive me, forget me), il se couple avec grâce à des choeurs fervents, s’emporte lui aussi. The idiot, au mitan de sa Session, renoue avec l’épure folk qu’il s’évertue à perpétuer.
Son disque est un compagnon, un support aux moments d’allégorie. Dans la foulée de The only one (avril 2019), premier album déjà prenant, d’une écorce plus rude, il poursuit son oeuvre et la dote d’un superbe écrin. The idiot se souille, s’habille de notes moins proprettes. Walking the cow twiste posément, sa vêture charme et attire irrémédiablement. La parenthèse est de choix, on s’y sent comme protégé. Session To Session (Vol. 1) : Les Roches Brunes, Dinard, France est un peu, à l’image du lieu qui l’a vu naître, un havre de paix. The C.C. motel heights renforce dans cette idée, dans le même mouvement il accrédite définitivement l’accroche due à l’opus. C’est alors à The last walk, consacré à l’enfermement psychiatrique et la folie, qu’il revient de terminer l’ouvrage. C’est chose faite, dans l’éclat et la retenue qui caractérisent la création du Breton passé, fut un temps, par les virevoltants Success.
Photos Nicolas Rabadeux.
Des bruits angoissants, sur ce morceau gris, imposent une sensation d’étouffement…d’enfermement, de folie qui s’écoule sans qu’on puisse réellement la juguler. La durée de la plage, étendue, renforce les sensations éprouvées. Entre relecture de titres déjà existants et offrandes inédites, James Eleganz signe un début de Sessions magnifique. On a hâte, non seulement d’en venir à son disque suivant, enfanté en très bonne compagnie, mais aussi d’entendre la suite de ses Sessions, amorcées ici par une série de compositions à l’âme palpable et qualitativement irréprochables.