Basé à Minneapolis, Jeweler fait dans la pop venteuse nacrée de shoegaze, rêveuse mais par instants fougueuse, qu’il décline avec une belle mainmise sur ce Tiny Circles qui est son tout premier album. Le leader Michael Voller (Vocals, Guitar, Programming, Synthesizees), Lars Oslund (Drums, Percussion, Guitar, Vocals), Dillon Marchus (Guitar, Programming, Vocals), Sylvia Jennings (Vocals, Synthesizers), Sean Levine (Synthesizers, Vocals) et Donny Hoover (Bass, Vocals), auteurs de ce bijou de pop, donc, ouverte mais non décousue, séduisent d’emblée avec A Spoonful of Poison, au chant mélodieux, légèrement ombragé. La chanson s’enhardit en restant avenante, acidule ses mélodies sans réellement les abimer. Dans l’option choisie, Jeweler est à sa place et se plait, basé sur ses atours ouatés, à envelopper ceux-ci à sa guise, avec inspiration. Betrayal, enlevé et 90’s, s’inscrit dans cette dynamique aérienne mais soutenue, dont les élans feront, bien vite, mieux que plaire. Il y a chez ce clan ce je ne sais quoi en plus, ces petits détails décisifs, cette propension à bien sertir les chansons, qui fait qu’on accroche. Forgiveness, d’abord dreamy, le demeure et bien que bref, convainc. C’est sur treize titres que Jeweler se déploie et persuade, Don’t Cry For Me le voit tutoyer la finesse d’un Radiohead sans toutefois se lancer, comme Yorke et les siens depuis belle lurette déjà, dans des méandres lassants.
On lui en est reconnaissant, Dust l’amène ensuite à une envolée, subtile, qui impose sa grâce. Les touches shoegaze, bridées, sont sublimes. Elles se libèrent parfois, se font alors plus soniques. L’idée est bonne, elle apporte un plus audible. End of days, en douces rafales que le chant polit, est lui aussi probant. Tout s’enchaine dans la cohérence, sans maillon faible. L’orage, bref mais notoire, survient. On aborde ensuite un terrain plus saccadé et tout aussi élégamment chargé (Trouble). Le son peut faire surgir le souvenir, de temps à autres, de l’ère pop à guitares passée à l’éther mais capable, ça et là, de se faire tonnerre. Ceci avec un sens du climat, étudiée, qui honore Cold souls, entre autres, ses trainées dark et envolées lyriques. Tiny Circles vaut pour tout ça, pour la multiplicité de ses atouts. Savior complex, entre touches rock et prétentions dream-pop alertes, est à ranger dans ce rayon, étendu: celui des morceaux réussis.
Après cela Footsteps carillonne, exalte ses mélodies, s’entoure de notes d’or…et finit par délivrer une brèche plus triturée. Lion tamer privilégie une approche plus tranquille, les voix y scintillent à nouveau. Jeweler, qu’il fasse subtil ou plus « tempétueux », arrive à ses fins. En fin de parcours, le titre éponyme remet de la soie dans l’affaire, menée avec assurance. Puis Who is your flower?, pour finir, laisse Jeweler dans les meilleures dispositions possibles. S’agissant d’un « debut album, » Tiny Circles lie valeur des morceaux, qualité des climats successifs et parvient à un ajustement entre ses tendances -pop, rock, folk, shoegaze- sans défauts, jusqu’à obtenir un produit final bien à lui et d’une fiabilité durable.