Quatrième album de Birds of Maya, Valdez a vu les mecs de Philadelphie laisser maturer, comme de coutume, de longues pièces Stoogiennes aux airs de jams endiablées, sulfureuses et enfumées. Les trois allumés engendrant, par ce procédé, un opus sale et déjanté, grungy, punk et free, aux effluves incoercibles. Un must de rock’n’roll sans courbettes, à propos duquel le titre de lancement, High Fly, ne laisse guère planer le doute. Bruissant, d’une voix gouailleuse, trépidant et porteur de riffs à l’électricité sauvage, il obsède sur pas moins de huit minutes passées. On songe à Mudhoney, aux Stooges bien évidemment. La salve est sanglante, incisive et persuasive. Distordue, gorgée de fuzz, elle gicle et cogne avec la manière. Son terme consiste en un fracas noisy/psyché, pas plus amical que le reste de ce morceau déjà probant. Son terme, disais-je? Même pas, puisque le track repart dans une envolée rock crade et débridée, qui du coup prolonge le plaisir. Celui-ci, vicié, s’inscrira dans la durée, au fil de compositions que le très 70’s BFIOU, un brin stoner, complète avec la même rage.
On est même, pour le coup, dans une attaque plus franche encore. Et bien plus courte puisqu’au compteur, elle affiche deux minutes et des poussières. Efficiente, sans complaisance. A la Birds of Maya, somme toute. On passe, ensuite, à un essai trituré, étendu, à la répétition plus que prenante (Busted Room). L’hypnotisme du morceau est psychotrope, il aurait largement sa place dans la Funhouse de l’Iguane et consorts. Et sur nos étagères, dont on le ressortira dans nos élans irrépressibles pour les écorchures soniques. Souvent donc, sachant qu’on y trouvera aussi ce Recessinater que la basse ponctue et fait groover. Là encore, on vrille, on joue des bazars bluesy, on lâche des volutes, on riffe ardemment et le tempo frappe fort. Un régal d’insoumission, à la hauteur de ses géniteurs. Un fatras convulsif, offensif, qui sort les griffes et conforte l’assise de Birds of Maya. Ca vrombit, allègrement. Ca bastonne, sans toutefois bourriner de manière stupide. Et ça tient sans soucis, notons-le bien, sur la durée.
Dans la foulée, Front St. place ses rafales et sa furie. Il braille, déraille, impose une cadence à laquelle il ne s’agit pas de faire barrage. On s’y ferait prendre, la plage est alerte et acide. A qui aime le dirty, Valdez fera mieux que convenir. C’est un manifeste, rugueux, explosif, qui a le don de se tempérer quand il le faut, c’est à dire de manière éparse mais judicieuse. Front St. est frontal, Please Come In empoigne ensuite le gourdin sur un ton tout aussi remonté. Valdez est un torrent, torride, dont les gimmicks et saillies font mouche. On en ressort groggy, sonné, mais on en a pour notre flouze. L’album sort chez Drag City, il n’en est que plus fiable encore. On imagine l’impact live, le joyeux bordel instauré par Jason Killinger, Ben Leaphart et Mike Polizze qui, à trois et en rangs serrés, jouent les artificiers sans discontinuer.
On approuve donc, le rock le plus vrai se voit ainsi remis au goût du jour avec constance et sauvagerie. Ca fait du bien, ça secoue comme on aime et Valdez, en plus de se montrer régulier dans sa qualité, nous replonge dans un passé que ses compositions réhabilitent avec aplomb. Autant d’atouts qui, assemblés, font dudit groupe et de sa nouvelle rondelle un immanquable à ne rater sous aucun prétexte, colérique et survolté.