Retour des rouennais Les Agamemnonz, racé comme on pouvait s’y attendre, avec une douzaine d’instrumentaux surf à l’éventail élargi. Qui, entre tranchant et subtilité, enfantent ce Amateurs (quelle modestie…) qui sort chez Hi-Tide Recordings. Après une Ouverture à l’Américaine courte et cuivrée, qu’on aurait aimé plus étirée, Theme réinstaure le brio du quatuor, toujours à son aise lorsqu’il s’agit de trousser des trames racées. Surf, un brin Calexico, délié, le morceau séduit déjà. A Rouen, quoiqu’il en soit, il est rare qu’on plante le son. Les Agamemnonz en sont la preuve, l’album sacre leur capacité à performer dans un ensemble soudé. Xiphias énergise, fait péter le flamme surf en lui donnant des airs de grands espaces. Une dégaine western, B.O, des plus présentable. Le jeu est très fin, mais vivace.
On est là dans des climats, des paysages sonores, qui attirent l’oreille sans desserrer l’étreinte. Voilà une formation qui, en se passant de chant, parvient à nous en faire accepter l’absence. No shoes no service prend le relais, nourri à la guitare loquace et à la rythmique souple. On trouve, de manière fréquente, l’accroche sonique fatale. Le niveau requis est outrepassé, la clique n’est d’ailleurs pas née de la dernière pluie. Artemis, single galopant (on imagine bien, à l’écoute, le cowboy chevauchant l’animal en réajustant son galure), s’endiable et réitère la magie surfy qui distingue nos amis normands.
J’avoue, clamant-ils ensuite. Dans une quiétude bousculée par une batterie discrète mais présente, le morceau se développe finement. Il n’est pas forcément nécessaire, chez les Agamemnonz, de faire dans le tumulte pour imposer sa patte. On y parvient quelle que soit l’option voulue. Mount capitola, riffeur et appuyé, se poste d’ailleurs entre énergie et science du son, du gimmick qui plait au delà du raisonnable. Benjamin Bonaventure (lead guitar, clavioline), Grégory Bonaventure (bass), André Pasquet (drums, percussion) et Simon Ripoll-Hunter (rhythm guitar, piano, organ), épaulés en l’occurrence par Michael Jacques (french horn, trombone, trumpet, flugelhorn), Frédéric Jouhannet (violins), Antoine Berland (medium grand piano) et Zach Robbins (field recording), comme quoi on ne se limite pas à la mouvance surf usuelle, lâchent ensuite un Air force compact, serpentin et serpentant, qui étaye un tout déjà probant. Et que Les conseils de la fée des lilas, posé mais asséné dans sa cadence, vient encore crédibiliser. Amateurs, tu parles d’une blague! Les gaillards, dans le rendu, bottent les fesses de certains pros un peu trop conventionnels. Attention, convulsif, met en exergue leurs ambiances agitées et distinguées.
Sur la fin Mount harissa, griffu dans son élégance, jazzy-surf free, décoré avec un certain goût, amorce la dernière ligne droite avec rutilance. Les Agamemnonz, une fois de plus, établissent la preuve d’une agilité que personne ne peut leur disputer. Ils font le choix, avec Redwood Heights, d’une fin feutrée et superbement cuivrée, au terme field recording. Les « guests » y brillent, le final démontre par ailleurs et comme dit plus haut qu’en toutes circonstances, Les Agamemnonz envoûtent et imposent une vision, personnelle, une approche qu’ Amateurs, sans faille ni creux dans le contenu, illustre magnifiquement.