Marseillais, instigué par Lucas Martinez qui fut chanteur de Dissonant Nation de 2008 à 2018, Jane’s Death inclut aussi, outre l’intéressé qui assure chant, guitare, chœurs, mellotron, synthé et piano, Luka Bertolino (Guitare, mandoline), Paul Camau (Guitare), Mathieu Aimon (Batterie, chant, percussions) et Marine Sahakian (Basse). Chacun a eu, avant Jane’s Death, son ou ses projets au sein de diverses formations. A Story of Love est le premier album de l’ensemble, affublé d’une remarquable pochette signée Elzo Durt (La Femme, Thee oh sees, King Gizzard & The Lizard Wizard). Signe fort et belle histoire en sus: «La jeune fille à la fleur» de Marc Riboud, symbole d’une génération dans les années 70, a inspiré la chanson « Jane« . JanRose Kasmir, représentée par ledit cliché, touchée par l’hommage que rend Jane’s Death à l’artiste, contacte le groupe après la disparition de Riboud. Ainsi en vient-elle à collaborer à l’album, délivrant un poème fort pour le titre éponyme « A Story of Love ». Si le fait mérite d’être relevé, notons toutefois que c’est le tout, entre pop, psyché, shoegaze finaud et moments de tension, qui se distingue de bout en bout. Information off l’amorce avec subtilité, entre fond dreamy et touches folk dotées de voix d’ailleurs ainsi que de riffs drus.
Une première réussite, que suit le morceau donnant son nom à l’album. L’invitée y fait merveille, la coloration est hybride; shoegaze, pop alerte, dualité des voix contribuent à border une composition enchanteresse, brève, certes, mais de premier choix. Island l’est tout autant, ensuite, avec ses notes ténues, ses voix sensibles et son mid-tempo irrésistible. Si pour l’heure l’orage ne fait que poindre, il se libérera au fil des plages livrées par le groupe. Dont on relève, régulièrement, l’immense qualité. Someone special, lancinant et aérien, propose de son côté de belles envolées, d’un shoegaze entre piquant et rêverie. Sa fin se tend, se fait presque bruitiste sans se départir de sa splendeur sonore. On adhère, à nouveau.
La dextérité de Jane’s Death, ici, fuse de partout. Jane, mentionné au début de ces lignes, se déploie en s’envolant, sans hâte, vers les cieux. Il y a dans A Story of Love des climats de cinéma, prenants, une subtilité jusqu’alors porteuse, un peu trop dominante toutefois. On attend l’éclair, l’onde de choc sonique et….voilà que Jane II déboule pour combler l’attente, lancé par une batterie speedée. Shoegaze encore, mais plus offensif. Et, comme de coutume, serti avec ingéniosité. Problem with the lord est lui aussi plus mordant, il confirme dans le même mouvement l’attrait qu’exerce le disque et son virage acéré. Les mélodies demeurent; simplement l’enrobage se durcit, le ton se fait moins feutré. L’embardée guitaristique évoque les 90’s, on continue à se laisser charmer sans rémission par l’effort des Phocéens. Despite the odds arrive, vivace. Enragé, doté d’abords à nouveau astucieux. Il cingle, amène un allant bienvenu, une force rock estimable. Aucun raté, aucune faute de goût n’entachera de toute façon le tableau. La fougue est ici de mise, on libère les décibels et l’option ajoute aux sensations induites.
Inside it, à la fois bouillonnant et saccadé, confirme. Sans faillir car, comme dit plus haut, rien ne peut, chez Jane’s Death, engendrer la critique négative. Milky way, lacté et alerte, bastonne ses belles mélodies. 90’s, digne d’un Ride versant pop-shoegaze, il enfonce le clou d’un registre complètement tenu, qu’émaillent clairement des encarts débridés. On a alors tout ce qu’on espérait: force de frappe, mélodie, incrustes subtiles, impact des vocaux et j’en passe. Jane’s Death (le titre), s’il marque un retour à des airs « assagis », psyché et mélodieux, perpétue la vertu et se pare d’accélérations qu’on ne rejettera pas. La fin se profile alors, on s’apprête à sortir le panneau avec la -très- bonne note inscrite dessus mais un bonus nommé Paris fallin, expérimental, séduisant, songeur et soniquement polisson, vient clore et étendre l’éventail parcouru. On s’incline, vaincu et conquis par la portée récurrente d’un opus qualitativement imprenable.