Projet de Greg Bette, qui assure ici toutes les fonctions suivantes: composition, arrangement, production, voix, guitare, piano, basse, synthétiseurs, percussions, graphisme, Garçon de Plage a déjà sorti L’Ennui (2017), autoproduit. Avec Amour Aveugle il nous refait le coup, très entouré, de la pop soignée et plurielle, ensoleillée. Pop oui, figée jamais. Musique de yacht sert les cocktails, estival et chaleureux. Enlevé aussi, chanté avec légèreté. Dans un bel écrin musical, l’amorce promet, mêle mélodie et passages brièvement plus « sanguins ». Bette en appelle, pour étoffer son registre, à un nombre impressionnant d’instrumentistes et de voix additionnelles. Ca donne de l’envergure, de la prestance, à cet Amour Aveugle délié mais animé.
C’est le cas par exemple du titre éponyme, qui derrière sa coolitude cache de jolies pulsions. Ou de Pas l’temps pour l’Amour, aussi joliment garni. Sans surcharge, Garçon de Plage virevolte gentiment, souffle une brise pop rafraichissante. On s’y laisse aller, porté par ses agréables ritournelles. Demain n’est pas si loin, jazzy, nous y incite. Globalement reposant, Amour Aveugle est un disque à écouter sous farniente, dans une douce torpeur que certains de ses passages viendront ébranler. Quelques guitares, telles celles de Demain n’est pas si loin, justement, l’affublent d’un nerf rock mesuré.
Plus loin, Pourquoi use de gimmicks qui séduisent les écoutilles. A chaque composition, correspondent ses petits détails heureux, bien choisis. Pourquoi breake, se relance avec joliesse et pas mal d’allant. Pop song suit, inclut un dialogue, décolle sans agresser. Il instaure une dualité vocale estimable, s’habille d’élans acidulés. Sans, une fois de plus, trop s’encanailler. C’est peut-être sur ce point que Garçon de Plage aurait pu insister, faire un peu plus de vagues, surfer sur des atours plus écorchés. Il n’empêche, sa pop a de la gueule. Elle apaise, passe une baume musical régénérant. Le Bal laisse filtrer une flute, une union chantée encore probante. Estival et bien joué, Amour Aveugle rayonne comme un mois d’août. Jacuzzi Jazz prend le relais, bien mis, orné d’une trompette, et d’un saxophone, qui l’exotisent. De guitares, aussi, qui le piquent. La musicalité d’ Amour Aveugle, récurrente, est à inscrire au chapitre des bons points.
Laissez-moi flirte avec le rock frontal, brièvement, puis retombe pour souffler un air détendu. Pop mais ouvert, donc, l’album offre ensuite un Oublie-moi climatique, posé…avant de proposer un terme plus rude. Greg Bette et sa palanquée d’invités ont bien fait les choses: la croisière par grand soleil, sous un ciel d’azur pur, prend fin sur un Printemps où le violoncelle, celui de Lucìa Quinteiro Socìas, et un alto, celui de Chiee Yeh, s’accordent aux violons de Serge Hirsch et Guillaume Lefebvre, ainsi qu’au Wurlitzer de Woody Goss, pour créer une trame orchestrale…printanière. La boucle est bouclée, la virée s’est faite sans encombres et n’a révélé que de bons moments, auxquels j’aurais toutefois adjoint une petite pincée d’espièglerie rock supplémentaire.