Trio de Chicago, né des cendres des excellents Disappears, Facs en vient avec ce Present Tense à son quatrième album, décrit comme étant le plus viscéral d’entre tous. Noah Leger – drums, keyboards; Alianna Kalaba – bass, keyboards, drums on A3 et Brian Case – guitar, vocals, bass VI on A3 semblent le démontrer d’emblée avec XOUT, première pièce massive et criée, pavé noise malaisé et percutant, décliné sur à peine trois minutes. Ceci avant de signer Strawberry cough, plus spatial, orné de motifs entêtants et de notes brutes. Les trois comparses restent ouverts, lancent des sonorités cosmiques triturées, le chant se poste entre fausse quiétude et réels moment de tapage. Il va de soi que Facs, expérimenté, façonne ses opus avec une mainmise qui lui permet le meilleur des rendus. Le ton est libre, il vogue au gré des directions prises par la clique. On ne s’en plaindra pas, le procédé lui va à ravir. Il nous contente, complètement, par la même occasion. Alone without, en étirant son format, nous propulse dans des sphères barrées. Psyché, flou et vaporeux, expérimental, il illustre fidèlement l’esprit de Facs. Ses effets, sur l’esprit notamment, sont assurés.
Au terme de ce titre singulier, General public renoue avec un déroulé « normal » façon Facs: vrillé, sonique, aussi lourd que groovy. Le groupe impose sa touche, il en va ainsi depuis ses tout débuts. Ses décharges bruitistes sont sans appel, son avancée, lancinante, impossible à contenir. Facs est sûr de sa force, de son impact. Il le peut, cette nouvelle fournée est une réussite. Elle peut changer de ton, varier ses durées ou encore se faire songeuse, le résultat se suffit à lui-même. How To See In The Dark, aussi lent que nerveux, sanguin et céleste, en remet une louche et marie les tendances. L’écoute de Facs ne constitue pas, loin s’en faut, la garantie d’un contenu normé et attendu.
Le titre éponyme, de ses soubresauts eux aussi sans précipitation aucune, obsédants, à l’image de Strawberry cough, de par leurs motifs répétés, trouve place entre délire cosmique et voix narrative. Il semble syncopé, hagard, presque, et engendre une sensation à nouveau marquante. Comme chez The Poison Arrows, un autre combo Chicagoan de choix, il est nécessaire de s’immerger. Facs le vaut bien, il propose un son tendu, personnel, vicié, qui vaut bien des écoutes. On peut, à la première tentative, faire un pas de côté. Present Tense ne se livre pas de prime abord. Mais une fois capturé, il en surpassera plus d’un.
Mirrored, en fin de parcours, s’étend sur six minutes entre saccades et tempo plus débridé. Des incrustes bruyantes s’intercalent, on navigue entre noise, psyché perché et capharnaüm rythmique et sonore. Facs n’est pas là pour conter fleurette; il est noir, obscur, il groove et dérape, pose des bases singulières et bien à lui. Il frappe fort, encore, avec ce Present Tense parfois versatile, voire déroutant, mais indéniablement passionnant. On n’en attendait pas moins, Trouble In Mind Records se fend en l’occurrence d’une sortie, après celle de Nightshift en février dernier et, plus récemment, les galettes de Writhing Squares (frappée à souhait) et The Tubs, plus pop, d’une parution de poids et d’une qualité constante.