Formé à Brighton, à la fin de l’été 2020, par Jimi Dymond, Mac Daddy (Rotten Foxes), Johnny Hartless et Tim Cox (tous deux venus de Skinny Milk), Top Left Club a très vite, dans des conditions DIY, pondu un premier album. Enregistré sur un vieux studio 8 pistes portable, Shoulders at 90, c’est son nom, est né entre autres du manque de concerts. Voilà pourquoi il retranscrit l’intensité du live, en balourdant un synth-punk burné et plutôt offensif. Il sort chez Beast Records par chez nous, bon point supplémentaire, et fuse chanmé quand Talk Talk, sa première torpille convulsive, allume la mèche en mêlant mélodies et high-energy. Pour le coup c’est du rock’n’roll, tendu, qui nous est livré.
C’est joué garage, les guitares sont chauffées à blanc. Quant à la rythmique, elle pulse sans trop de détours. RIP, en seconde position, est encore plus radical. Une tuerie (facile..), jouée avec la même gouache qu’à l’occasion du titre d’amorce. Le label rennais se dote de toute évidence, ainsi et après l’opus de Lumer, d’un nouveau fleuron issu de Brighton. Rollin’, décoré au synthé, le rendant d’ailleurs assez singulier. Synth-punk, post-punk, garage, tout ça n’a guère d’importance: Top Left Club, pour un premier tir, ne rate pas la cible.
I C U Tonight, en pas même deux minutes, sonne comme un uppercut. On poursuit sans débander, porté par un flot inarrêtable. No control, orné de ces mêmes synthés loquaces, crédite à son tour le quatuor britannique. La plupart des morceaux se situe autour des deux minutes, ils sont par conséquents frontaux et exempts de manières. Le face A se clôt avec Piss, braillerie aux grattes rugissantes qu’un drumming furieux vient catapulter. Remonté, le groupe galope vers la reconnaissance. En même temps, il en rallie toute une bordée à sa cause, dans une approche qui plus est indé à bloc. Son second volet, initié par Teddy Biscuits, ne baisse pas la garde. On est bien décidé, chez Top Left Club, à envoyer jusqu’à plus faim. Ou plus soif. Shitbag souffle pourtant quelques mélodies, mais reste vigoureux et up-tempo. Machines et guitares s’acoquinent, lancées dans le même sentier. Initial hum, court, suinte une force punk-rock et de jolis gimmicks.
Photo Ollie Thomas.
C’est passé bien vite, il nous reste alors deux morceaux à faire gicler. Le temps de laisser Initial hum se finir, dans la furie, on se fade un Frown plus poli dans le chant, tout aussi concluant. En plus de castagner, Top left Club enfourne les standards comme un boulanger remplit ses fourneaux. Le rythme s’emporte, l’arrière-plan se fait bruitiste. Ca stoppe, il est donc l’heure de la dernière attaque. Celle-ci répond au nom de Tie me down, elle riffe avec conviction et bastonne sec, par rouleaux sonores à la rudesse bienvenue. C’en est donc fini, t’as plus qu’à prendre ton Stabilo et surligner rageusement, chez Beast records, le patronyme de Top Left Club et ce putain d’album, Shoulders at 90, sans atermoiements ni creux dans le rendu.