Polonais, The Bullseyes pratiquent, à deux et comme quatre, un rock qui puise à l’occasion dans le blues, la pop ou le psychédélisme. The Best Of The Bullseyes est non pas une compilation, mais le premier album du projet. Les musiciens de Leszno, soit Darek à la guitare et Matt à la batterie, font leurs preuves en alignant douze morceaux bien trempés, souvent énergiques, à commencer par World Doesn’t Care. Une ouverture ardente et mélodieuse, pour un debut album placé sous le signe de l’efficacité rock sans inertie. Yet There’s You, vigoureux, en présentant l’une des facettes les plus offensives tout en polissant ses ritournelles. Alors que Can’t Believer, saccadé, répète le procédé au mitan, lui aussi, de l’attaque franche et d’instants tempérés. L’équilibre est trouvé, on peut désormais embarquer pour une probante salve de chansons qui sans faire la révolution, le créneau étant chargé, atteindront sans peine le niveau requis. C’est le cas pour It Might Not Be For Me, à la Black Keys, qui confirme les dispositions des hommes de l’est. On crisse, dans les mélodies, de manière fréquente et concluante.
On se contente, sans trop demander son reste, du menu proposé. Restless Mind prend des airs bluesy, bourrus, lestes, qui poussent l’investigation stylistique. Sans, non plus, trop déborder du cadre. Mais avec dextérité, et dans une intensité qu’on appréciera. Love’s Blow en fait étalage, à renfort de « wouh ouh » joyeux. Du rock juteux, comme de coutume chez les Bullseyes. Lesquels, à l’exacte moitié de leur disque, prennent peu de risques mais assurent un niveau constant, que le second volet de l’album ne trahira pas. On repart, en effet, avec un Regular Sky délicat mais de belle facture, psyché. On enchaine sur un Nothing Disturbs Me transperçant, porté par une rythmique qui serpente. Tout est bon, les voyants sont au vert et le volume dans le rouge. The Best Of The Bullseyes s’auditionnera fort, de préférence.
Plus loin, My Head is Full visite des terres presque pop-rock, mais dans un esprit rock’n’roll assumé. Le duo reste droit, le rendu de choix. Butterfly papillonne, entre coups de sang et instants de grâce. Déjà entendu? Certes, mais sans défauts. Alors poursuivons et accordons à ce projet la considération qui lui revient de droit. Acquise par le truchement de ses efforts, de titres à l’assise certaine. Moment’s Arrival fait dans le spatial, le psyché aux voix flottantes et doucereuses. Enfin Can’t Believer (Acoustic), épuré, met au premier rang l’acoustique sobre de Matt et Derek. Pour obtenir, à l’arrivée, un produit honnête, fréquemment qualitatif, qu’il s’agira bien entendu de confirmer à l’avenir.