Lüderitz?? C’est Von Lüderitz : Vox/Guitars/Mandostang/Basses/Loops/Keys/Samples; Olivier Bohn : Guitars/basses; DoKtor Al Boxmann : Drums/NoiZes/Cracks/Percussions et, en tant qu’invité, Thierry Bochler (Additionnal Guitar on [Quand j’étais Loup] & [Les Miroirs]). Je ne sais plus comment j’ai découvert le projet, je me souviens pourtant que j’avais aimé. Alors à la réception d’un mail, inattendu, annonçant un nouvel EP des gaillards, à moitié pommés -et surtout bien postés- entre Français et Anglais, traits cold et traces new wave, Darc et dark, électro et boulardages vaguement post-punk, élans poétiques et surlignage acidulé, je n’ai guère hésité. Séduit, de plus, par un titre lucide et éloquent, me voilà à parler des cinq titres que renferme l’objet. Parmi ceux-ci Quand j’étais loup, d’une pop mélodique et gentiment piquante, impose pour débuter son allant, ses motifs, et quelques guitares qui griffent éparsement. On y parle de Peter Murphy, du coup j’adhère plus clairement encore. Bien disposé, j’attaque ensuite la cold-pop vive d’ [Anywhere Out Of The World], dont les synthés virevoltent et le chant s’assombrit. Parfait.
Le truc répond au nom suivant: [Expansion du Domaine de l’Absurde]. Tu m’étonnes, on est en plein dedans Adam! Alors un EP de cette trempe, dont l’un des atouts est de dénoncer les travers, ça se prend. Et c’est loin d’être absurde. [Ici / Là-bas], froid, un peu trip-hop, électro sans en faire trop, cold, assure une continuité qui balaye les doutes, si toutefois ceux-ci demeuraient: Lüderitz, depuis Les lueurs du phosphore (avril 2015), n’a jamais cessé de cultiver sa singularité. On le trouve en grande forme, droit dans ses bottes face à la décrépitude de notre monde, de notre France. Les miroirs, s’il s’y mire, lui renvoient vivacité et, une fois de plus, pop cold aux textes d’une belle encre. On ne la jette donc pas (l’ancre), Lüderitz garde le cap et s’offre même, pour achever les opposants, un format long intitulé [Kommandantur].
Enregistré, arrangé & mixé dans le plus total irrespect des règles de dictature sanitaire entre octobre 2020 et avril 2021 par Von Lüderitz au Somewhere Studio [France] sur console Roland VS-2000, [Expansion du Domaine de l’Absurde] requiert toute notre attention. Son final -ce titre, donc, plus étendu- marie un peu toutes les tendances visitées; pop, sucrage électro, mots élevés, ironie lettrée, teintes cold, mélodies qu’on accueille avec grand plaisir. Après Retour à Barkhor (juin 2019), porteur de huit titres moins alertes mais de qualité égale, Lüderitz affine, à nouveau et jusqu’à complètement l’entériner, un petit monde bien à lui, charpenté par des compositions sans faiblesses criardes.