Bigre, voilà des tigres! Deux frangins dont le premier EP nommé Let It Burn fut enregistré à Nashville, dans les studios Sputnik Sound (Inspector Clouzo, The Raconteurs, Black Rebel Motorcycle Club), et masterisé par Brian Lucey (Royal Blood, The Black Keys, Arctic Monkeys). Ni plus ni moins. Sachant que les deux hommes, soit Joseph (Guitare et basse/chant) et Angus (batterie) ont respectivement 20 et 22 ans, ou l’inverse mais peu importe, ça interpelle et voilà t’y pas que Let’s do porn, à son tour, vient remettre la cabane au milieu du jardin. Abordant, en outre, des thèmes estimables depuis sa première sortie (la rébellion, l’hypocrisie, la liberté, la solitude, la folie..), la fratrie réemploie Brian Lucey au mastering, convoque Arnaud Bascuñana pour l’enregistrement, et se fend de cinq morceaux explosifs, mines à riffs et à vocaux déchainés. Let’s do porn, le premier d’entre eux, fait parler la poudre entre les « Ahh » d’un RATM et la puissance de frappe d’un Royal Blood, chant massif et refrain simple, beuglable, à l’appui.
Du costaud, batailleur, qui groove et se veut offensif. Cascade rock bien sentie, sachant qu’il en sera de même sur la totalité de l’ep. Get it, dont les griffes de riffs laissent des traces saignantes, rugissant avec un impact similaire. Ca fait une dizaine d’années, déjà, que les frangins sont dans le bousin. Ca vaccine son homme, ça aiguise les cordes et forcément, ça fait dans le tranchant. Un sans faute assurément, que consolide Self destruction. Troisième boulet aux flammes hautes, intense et hautement énergique. Avec, en sus, des sujets encore une fois pensés, d’actualité, avec une certaine lucidité. On aimera, il est bon d’entendre des formations qui, même « vertes », allient maturité, sens du mot et force sonore. C’est le cas avec ces deux fauteurs de trouble, efficients comme jamais.
Taking over, musclé, remet un tour de clé. Il sautille, s’empresse, fusionne, met des pains. Le refrain, fédérateur, se braillera à toute heure. Fort d’un regard déniaisé, plutôt avisé, Captain Obvious termine dans l’apaisement. Après quatre roquettes ravageuses, ça trouve son sens et Can’t keep going, ritournelle où la propension à se saisir de ce qui se présente, à tirer profit de ce que l’on a sans pleurnicher sur ce qu’on pourrait avoir, est mise en exergue, finit en confrontant tons posés et enragés. Moins direct que ce qui précède, il étend l’éventail du duo. Et clôt, sans chuter, un EP mûr et achevé, garantie de lives à venir qui nous feront frémir.
Let’s do porn donc, d’un rock robuste aux textes valables, impose la pate de Captain Obvious. Lequel, paré et propriétaire d’un arsenal solide, peut envisager l’avenir avec sérénité et regarder droit dans les yeux, sans sourciller, la concurrence inhérente à son genre musical.