Ce label italien, Improved Sequence, est une vraie mine d’or. On y trouve entres autres, réédités avec classe et à propos, Ulan Bator, Blurt, King Gizzard & The Lizard Wizard, Xiu Xiu ou encore…Bob Log III, dont le fabuleux Bump Or Meow Volume 1 parait en vinyle pour la première fois depuis 2016 et sa sortie initiale. Dix titres gravés sur sillon donc, où le blues rêche du one man band trouve son apogée, se fend de couleurs musicales diverses et s’endiable pour notre plus grand bonheur. Allez c’est parti -ou plutôt party-, Party Van (The Hermit) magnifie le blues, le salope avec classe, le rend bourru, élégant dans le même élan. Ce n’est, pourtant, qu’une -magistrale- mise en bouche. Throw The Hammer Hard voit le casqué chanter, avec autant de brio que sur son jeu alliant guitare de maestro et percus sans fioritures. Du vrai, entrainant, dont l’appellation blues ne peut suffire à résumer l’impact et la largesse. Si la technique est évidente, elle est, surtout, mise au service d’un répertoire échevelé, ardent et très live dans l’esprit. Spotlight On Touchie prend des airs gitano-western, se déploie dans l’urgence, gronde et speede. Magnifique! Des sons de basse charnus font groover le tout, puis Anna Make It Go riffe cru, tempête rythmiquement, compact et ramassé. Dans sa folie musicale, vocale aussi, Bob Log III est sur son terrain de jeu favori. Celui qui, inspiré et sans réelles limites, fait mouche à chaque morceau troussé.
Bobbie The Mechanical Cat, dans un délire de début à la Primus dans ses abords funky triturés, avance par secousses rudes mais dansantes. Le gaillard de Tucson s’animalise dans ses vocalises, groove avec démence, se tenant bien entendu à l’écart de tout cheminement balisé à l’avance. Booty Of A Grizzly pose sa dynamite riffée, il est leste et rude, rétro et pourtant redoutablement moderne. Si le blues est ici la base, Bob Log III, à l’instar d’un Jon Spencer et de manière plus poussée encore, fait voler le genre en éclats. Son mérite est d’autant plus grand qu’il assure tout seul, sans difficulté apparente. Rumi! initie un garage blues vivace dont les guitares, une fois de plus, accroissent la portée. Sous couvert d’énergie débridée, Bump Or Meow Volume 1 ravira ses acquéreurs. Rumi!, en sa fin, bruisse et slide, marie finesse et rugosité. L’Américain n’est pas que joliment brut, loin s’en faut. Il renvoie classe et élégance, comme le montre Poop At The Jones’es. Il use d’un arsenal volontairement limité, sans artifice aucun. Pas le genre de la maison. On jubile, emballé par ce mec dont les bons titres s’empilent comme à la parade.
En fin de parcours Hot Spot Hanson joue un blues folk/lo-fi à l’écorce râpeuse, qui entérine la fiabilité de l’artiste. Enfin le bien nommé Disco Banjo, superbe, ferme la marche à l’aide de notes subtiles et galopantes, de motifs encore une fois malins et déjantés. L’ensemble est de haute volée, on se l’enverra à grandes bolées et à volume de préférence élevé. Notons que Guitar Party Power, du même énergumène hautement talentueux, a lui aussi été réédité. Il vaut également le détour, ça va sans dire. Voilà donc deux objets à se payer sans hésiter, s’ils n’ornent pas d’ores et déjà vos étagères. Avec, à la clé, la garantie d’un trip musical rarement entendu, à des années-lumière des voies stériles et sirupeuses.