Issu de Glasgow et drivé par Connaire & Aidan, soit les frères McCann, Baby Strange a derrière lui un premier album (Want It Need It, 2016). Il opère dans une veine rock franche du collier, qui n’exclut pas les mélodies mais se plait à les passer au filtre d’assauts nourris, décorés par des sons bienvenus et qui, de par leur côté « high energy » qui passe par plusieurs canaux musicaux différents mais rock avant toute chose, persuadent. Le « mainstream » mesuré y trouve une place sans que cela dénote, le clan accouche de muni-tubes indé sauvages, oui, mais aussi alertement polis. La posture du groupe est ainsi crédible, il bombarde comme on aime et use de riffs qui rigolent pas (I want to believe).
Il a de plus le bon goût, tout de suite, de foncer droit devant lui avec un More! More! More! aux heavy basses puissantes sur fond de rythme bondissant. Ca groove et ça pulse, ça porte un esprit insurgé suffisamment affirmé pour distinguer les Ecosssais. Le riff est ardent, derrière ça on se fait sous-tendu, mélodieux sans sombrer dans l’ennuyeux. La recette est efficiente, tout au long des cinq morceaux joués on secoue la tête et on se refuse à décrocher d’un ensemble remonté, à la pression quasi constante.
There’s someting there, avec ses syncopes funky plus qu’entrainantes, fait son Pottery. Son Gang of Four, aussi, toutes proportions gardées. Sa basse slappe: on est encore, pour le coup, dans du wild bien trempé, galopant, qui fera vibrer les carcasses. Baby Strange déploie de sérieux atouts, percute et raffute avec pas mal d’adresse. De guitares arroseuses en pulsions imparables, Club Sabbath se pose en standard aussi débridé que détendu, en coup de bélier sonore sans appel. Land of Nothing ne comprend que du solide, pas forcément révolutionnaire, ce n’est pas le but, mais tranchant et séduisant. On ne boudera pas le plaisir procuré, l’impétuosité de la collection alignée par les intervenants. Lesquels, sans temps mort ni vautrage, loin de là, tirent à vue sans pour autant faire dans la boucherie ou l’irréfléchi. Le tout est pensé, spontané souvent, sa force de frappe fait qu’on lui donne des points sans calculer.
Photo Daniel Blake.
A l’issue Over n over, taillé dans une pop’n’roll qui barde et taillade, permet une fin d’ep exempte de baisse de régime. Encore heureux, c’est toujours ennuyeux quand les groupes, à la fin d’un parcours consistant, sombrent dans une douceur irritante complètement inutile. Baby Strange, pour sa part, garde les doigts dans la prise. Il gicle, opte pour une certaine vitesse d’exécution, fait le choix de n’inclure aucune plage posée dans son EP, qui de ce fait demeure impactant jusqu’à la fin de son quart d’heure de sons mélodico-rugissants.
On aurait tort, quand on aime comme moi le rock juteux, d’être dans le rejet. Cinq compositions, du jus à revendre et un sens incontestable du morceau qui défouraille tout en postant des airs mélodiques sans s’égarer dans le sirupeux; Baby Strange, avec ce Land of Nothing, gagne la partie et laisse augurer d’une suite qui, si elle se montre à la hauteur de l’ep ici décrit, fera un véritable carton sans viler ses lauriers.