Le SuperHomard, projet instigué par Christophe Vaillant, auteur d’un plébiscité Meadow Lane Park en 2019. Maxwell Farrington, chanteur australien issu de Dewaere, combo noise de Saint Brieuc que sa voix orne avec un relief approuvé. La rencontre de ces deux-là, permise par un concert commun à la Boule Noire, à l’occasion du MaMA Festival en 2019, ne peut que donner de belles choses et effectivement, ce Once est une splendeur totale, aux arrangements fins et qui, de plus, déploie un certain allant. Orchestral, distingué sans être tape à l’oeil, l’opus est fait de velours vocal, d’idées porteuses qu’un We, Us The Pharaohs aux lointaines allures de French Cowboy, alerte et cordé, présente déjà avec brillance. Alors que North pole, moins soutenu mais tout aussi accrocheur, progresse en mariant, sans hâte aucune, légers coins d’ombre (superbe basse et encarts obscurs) et élans chatoyants.
Ceci, personne n’en doutera, sous le joug d’une prestance vocale enchanteresse. Globalement solaire, digeste au point de s’incruster sans plus attendre dans les esprits, Once sent le sans-fautes. Free again, au bout d’un tapis indie-folk du meilleur tissu, avec entrain, le valide. Au gré d’un raffinement jamais barbant, se succèdent les titres aux effets porteurs pour les coeurs. Lights & seasons, dépouillé, en est. Il est rare que je m’entiche de disques posés mais celui-ci m’émerveille. Il est en outre, comme dit plus haut, parfois cadencé et ça ne gâche rien.
Ainsi Love, saccadé autant que vaporeux, mêle t-il après son amorce sons crus et éclat de la voix. A chaque composition, correspond son lot de détails ensorcelants, simples et pourtant si bien trouvés. Le duo étincèle, La Mesa Motel (Feat. Max Meser) fait lui dans l’acoustique d’une subtilité confondante. Il précède Good start, rythmé, d’une pop jamais convenue malgré sa relative accessibilité. Maxwell Farrington & le SuperHomard mettent de l’énergie dans leur ouvrage, l’idée est bonne et fréquemment, on se laisse embaumer par les multiples sons malins qui parsèment un album aux consonnances britanniques récurrentes. Oysters en regorge, lumineux. Hips, au climat posé, pas moins. Il a le mérite, de surcroît, de se parer de ces quelques sonorités acidulées qui, ça et là, écornent Once avec brio. Happening again, sans les temps plus écorchés qu’on apprécie tant, convainc malgré tout. Talitres, bien belle boutique bordelaise, en jette, plus encore, avec ce Once en rayon aux côtés des Motorama, Laish et autres fleurons maison, sans compter ses « vieilles gloires » ayant pour nom Calla, Idaho ou Swell. Ou, histoire de faire (très) bonne mesure, The Wedding Present.
Photo Mélanie Elbaz.
J’en reviens à mon Once, à la fin paisible. Trop pour moi, j’en conviens, mais de belle facture, c’est tout aussi sûr. Entre Big Ben (Feat. Evelyn Ida Morris) et son dialogue vocal feutré et, en conclusion, ce Tonight majestueux mais, j’apprécie, serti de manière plus hardie, les deux hommes s’en sortent avec les honneurs. Once est délectable, je l’aurais suradoré s’il s’était montré plus bruyant. Ca n’est là que mon éternel discours de fondu de fissures rock; Maxwell Farrington & le SuperHomard frappent fort et n’ont heureusement pas attendu de me lire pour trousser douze ritournelles grâcieuses, à ranger dans le rayon des albums à ne pas rater ce cette fin avril.