De rencontres, dont une avec Mark Plati (Bowie/Lou Reed) forcément décisive pour la naissance de ce disque, en galères et petits boulots jusqu’à passer par…la rue, Belle Phoenix s’extirpe de l’anonymat avec The Glorious Dead, inspiré par ses voyages entre l’Australie et New York en passant par le Royaume-Uni et la Finlande où elle réside actuellement. Parcours de vie chaotique mais inspirant car à l’écoute, la Dame et ses acolytes parviennent à nous léguer dix morceaux d’un rock pur jus, qui tangue ente le mélodique et l’acéré et, parfois, ne fait aucun choix entre les deux. Tant mieux, ça sert le rendu et d’emblée, pour nous emballer, le titre éponyme marie féminité canaille et riff pénétrant. Politique, boulots sans issue, relations ratées et rêves clairvoyants nourrissent le propos du gang, entre pop, rock et rock’n’roll avec, sur la fin et tout de même, une baisse de régime à peine perceptible.
Mais avant ça, ça turbine comme il faut. Blossom of love et ses petits motifs plaisants, sa mélancolie animée, ne rue certes pas dans les brancards. Mais il est beau, sensitif, et plutôt avenant. On fait dans la simplicité, c’est là le meilleur moyen de parfaire le boulot. Sans révolutionner son créneau, le groupe lui fait honneur. NYC galope, sa rythmique court et ses guitares assaillent. On a face à nous, encore, ce chant un brin mutin qui colore l’opus.
Le morceau est rock, sans contestation possible. Dans ce registre, The Glorious Dead est à son apogée. Dancin’ All the Time renvoie lui aussi de l’urgence, à califourchon entre beaux airs et force rock. On se retrouvera Dancin’ all the time, de façon certaine, à l’écoute de ce son là. Le décor est discret mais de goût, place est laissée à l’attaque franche et mélodique, loin d’être sirupeuse. Those Days Are Gone…, délicat, descend d’un échelon ou deux en termes d’impact, mais garantit une certaine qualité et, en fond, reste venimeux. Attention toutefois à ne pas sombrer, c’est bel et bien quand il mord que le clan vaut le plus. Lost the Dance (Dead Inside!), tempétueux, ne s’y trompe pas: il lance la face B avec aplomb dans ses ritournelles. Avec, également, une brillance pop-rock qui le fait tenir bien droit. Livin’ Life Blues lui emboite le pas, orné au clavier mais mordant et, encore, persuasif dans le chant et ses abords.
Plus loin, The Devil’s Son impose son poids bluesy, joliet mais au fond troublé, pour confirmer la bonne forme de l’Australienne. Laquelle, sur un panel ouvert sans être décousu, passe par des états divers, jusqu’alors avec succès. De bons gros riffs, ici, plombent le titre et lui donnent du caractère supplémentaire. Le chant les combat, presque, par sa délicatesse. Tout ça débouche sur une réussite qui laisse à penser que rien ne pourra entraver, pour le coup, la marche en avant de Belle Phoenix and the Subterranean Sea. Soulkillers, s’il s’en tient à une pop-rock de facture classique, la paquette assez bien, lui refile assez de « méchanceté » pour lui faire passer le cap. The Glorious Dead ne vacille toujours pas: c’est son terme qui, moins en tension, le fait retomber sans vraiment en altérer la qualité d’ensemble.
Le terminal Maker of the man, présentable mais trop posé dans sa beauté (quoique…), fléchit….mais se rattrape en fusionnant sons amples et guitares rudes. Ce sont elles, aussi, qui viennent border le terme du morceau. On tient le cap, finalement, pour signer à l’arrivée une série de chansons fièrement exhibées. Qui, de par leurs tonalités comme dans les thématiques qui en ressortent, tirent constamment vers le haut et dotent Belle Phoenix and the Subterranean Sea d’un départ prometteur. L’objet sort de plus chez Beast Records dans nos contrés -ce qui ne gâche rien, bien au contraire- et chez Spooky Records en terres australiennes. Deux labels de qualité supérieure, au service d’un disque qui lui non plus ne trompe pas sur la marchandise.