Lyonnais, Ponta Preta aime la zik de la côte Ouest Américaine, c’est d’ailleurs ce qui cimente le groupe et ses cinq membres. Mais pas que! Sur ce Tits up qui est le premier album des rhodaniens, on débusque en effet de la fumée psyché les deux pieds plantés dans la coolitude acidulée (l’éponyme Tits up), de la fuzz façon Limiñanas, des touches surf à dompter les vagues, de l’impact rock, des airs poppisants, du garage racé et dix morceaux « seulement » impeccables. Si tu veux savoir, I wanna know te claque pour débuter, et sans te demander ton avis, une vague d’air psyché irrésistible, stylée et feutrée mais aussi piquante, dans la margoulette. Ses voix sont superbes, I wanna know est beau et sombre, clair et sali. J’adore « grave ». Tu aimeras tout autant, prétendre le contraire serait pour le moins hypocrite. Quelques notes surf, des voix toutes ensemble et voilà, c’est marre. Ponta Preta excelle. Tits up pue la détente, le groove lascif. Il se pimente, toutefois, quand ses guitares jutent. On a plein le slip de bain et ce n’est diablement pas You & I, pas moins détaché, qui fera baisser le niveau. Dans l’art de dresser des pièces sonores finement aigrelettes, Ponta Preta maîtrise sévère. Il y met des beaux chants, de la mélodie soignée, et voilà la populace comblée. La prestance musicale, le désir de peaufiner ses compositions, fait étinceler le quintette.
Scusi frate, et voilà, y s’la racontent avec de l’italien! On les excuse, ils paraissent réellement modestes ces Ponta Preta! Et puis le morceau est une étoile surf rythmée, qui groove et file un bon coton. Si le chant en est absent, son impact est tout aussi étendu que sur le reste de l’opus. Lost In The Mountains, quant à lui, est une galopade où tout est brillant, des voix à la basse-batterie en passant par l’étoffe sonore. Ca va vite, aussi, et ça on aime. Ca bouillonne, ça revêt une écorce magnifique. On ne trouve rien à redire à ce premier volet, absolument parfait. Cinq premières plages à la croisée des tendances, troussées avec l’adresse des meilleurs. Circus smile, au début jazzy, lançant la suite dans la magnificence. Paisible, il assure le contrepoint d’autres titres plus nerveux. C’est l’occasion de rêvasser, de faire parler l’imaginaire. On ne va pas se priver, l’occasion est belle et actuellement, l’oubli ne peut s’avérer nuisible.
From Baya With Love nous donne ensuite tout son amour. Ponta Preta aime son prochain, sinon il ne l’affublerait pas d’un tel album. Un brin « western », la chanson illustrerait superbement un film, avec ses airs de grands espaces et ses encarts légèrement exotiques. In The Wind serpente, la basse mène la danse. Son fond est vrillé, oh mazette ça louvoie sévère! Puis arrive le chant, élégant. Ce Tits up pointe…au plus haut, servi par une brochette de ritournelles sublimes, dépaysantes parfois. Ces dernières marient le céleste et le terrestre, embarquent l’auditeur ailleurs comme le ferait un Altın Gün. Mais Ponta Preta est lyonnais, rappelons-le. Donc de chez nous. Je triomphe, heureux d’avoir déniché, à nouveau, une pépite hexagonale. Someday vient clore le chapitre des titres « normaux », dans un velours de voix à l’écrin bluesy ajusté. Mélodies enchanteresses, coups de sang bridés s’acoquinent. Une fois de plus, on remarque l’apport des choeurs et voix.
Tits Up resplendit, comme déjà dit. Someday s’habille, comme d’autres, d’élans surf/western des plus présentables. On a à faire, en l’occurrence et tout au long du disque, à de la grande musique. P++++, ça y est c’est fini! Mais non, pas tout à fait. Ponta Preta nous fait don d’un bonus track nommé Morning, Tuesday. Un rock un brin psyché, fuzzy, d’un attrait définitif. On y entend, par moments, la folie d’un Crocodiles Inc., strasbourgeois issus de chez Herzfeld, suivant une piste musicale différente mais similaire dans l’esprit. Mention très bien, donc, à ces gaillards de Lyon qui rugissent avec coquetterie et ficèlent une rondelle plus que belle, durablement persuasive, à la sortie assurée par Le Surf Records.