Projet mené par Arnaud Dumatin et Emmanuel Mario (également fondateur d’Astrobal, collaborateur de Laëtitia Sadier, Arnaud Fleurent-Didier, Superbravo…), INSTITUT est pour moi une institution. Du beau mot, de la vision « acuitaire », du léger dit avec gravité, du grave dit avec une légèreté trompeuse. De la prise de distance, dans la proximité pourtant…avec une époque que ce nouvel opus, nommé L’effet waouh des zones côtières, dépeint magnifiquement. Avec l’apport vocal remarquable, cette fois, de la chanteuse Nina Savary. Et pour un rendu, une fois de plus, qui magnétise nos pensées par le truchement d’atmosphères la plupart du temps aériennes, distinguées, déclinées sur onze chansons à l’effet waouh. INSTITUT ouvre ici ses potes au son du titre éponyme, aux voix mêlées et sur un tempo comme inerte. Pour mieux faire ressortit, peut-être, toute la texture. Oh, mais voilà que l’essai s’anime, donne à entendre une belle basse cold. Des sons célestes, un climat déjà absorbant. INSTITUT s’y entend, dans ses trames narratives, pour élaborer d’élégantes vignettes sonores. Sociétales, humaines bien qu’illustrant, pour certaines, le déclin de l’humain. Je suis dans la data, planance déliée, s’envole dans de douces volutes. Volutes de soi, volutes de quoi? On peine à y répondre et t’façon, On se voit demain. En présentiel. Saccades et fond orchestral, on se voit demain. Un miracle.
Prenez soin de vous. Ca te plait l’état d’urgence? Bien profond dans l’cul. Hymne au plaisir, au déplaisir, à la contrainte. Superbe titre, rêveur, enlevé, lucide. Bien profond dans l’crane. Ironisant, galvanisant. Suivi d’un autre également vivace, Un instant de plénitude. C’est ce que cherche sûrement, à travers ses esquisses grisées, INSTITUT. De recherches en sciences sociales? De beauté retrouvée? Toujours est-il qu’il est bon d’y errer, d’y entrer en cure, sonore et littéraire. INSTITUT affronte le nouveau monde, y substitue le sien, bien plus sain. L’effet waouh des zones côtières est son échappatoire, son terrain de repli, en compagnie d’un DJ barbu sous MDMA. Dans un esprit récréatif alors, baigné de sagacité. Teinté de beauté sonique, soft, parfois trop car rares, trop rares sont les éruptions. C’est là le seul bémol lié à l’album, flamboyant. Stylé de A à Z, porteur d’un Belle journée, bien cordialement qui embellira la notre ou plutôt, l’assombrira en y projetant une sorte de drone spatial. C’est dimanche, y fait même pas beau mai INSTITUT est là. Alors ça va. Des échanges vraiment cul, saccadé, pose un trame évocatrice. Merveilleux. Il est primordial, ici, de se pencher sur les textes, de tenter d’en saisir la conséquente portée. Ils sont difficilement dissociables de la création musicale.
Arrive Allo performance bonjour, performant. Détendu, stellaire, sage dans son ironie. Son rythme lui donne vie, ses mots sont autant de matière à réflexion. Sur l’état du monde, sur le chemin qu’on s’efforce « là-haut chez les déconnectés », à grand renfort de fourberie, de nous faire prendre. On bifurque, on ne veut pas de cette voie-là. La combinaison de mes expériences, rythme marqué et ondulant en bandoulière, célèbre la polyvalence. L’autonomie, la capacité d’adaptation. Oui parce que sans ça, tu peux traverser la route toute la sainte journée (notez le clin d’oeil au « fabuleux » De Palmas, vive la bassesse culturelle!); tu arriveras tout juste à déglinguer tes illusions. Pas très grave, INSTITUT est là. Il se barre pas, lui. Fidèle au poste (le quitter, c’est risqué…), il offre un repaire sécure. Et valide, sans faillir, une discographie, une vision, une approche désormais majeures. L’effet waouh des zones côtières commence à se faire sentir, ses rafales d’air frais vivifiant revigorent nos faces ternes. Son coton sonore nous préserve, sa bienveillance à nôtre égard mérite qu’on la consacre.
D’autres efforts tout aussi estimables (je citerai, pour résumer, Spécialiste mondial du retour d’affection sorti en 2016) vous attendent, en plus de l’opus vanté ici, pour vous faire découvrir de manière plus marquée le petit monde d’ INSTITUT. Je ne peux que vous en conseiller la visite, doublée d’une attention toute particulière pour les textes et textures du duo Mario/Dumatin qui, avec L’effet waouh des zones côtières, signe un superbe recueil.