Caennais, Bacaruda fait dans le rock mâtiné de post mais suffisamment animé, et rugueux dans sa finesse, pour s’avérer crédible. Et attirant. About Castles est son tout premier EP, enregistré en live, mixé et masterisé en 2018 par Antoine Quoniam et Pierre Blin (Five Inch Studios). Valentin Moncler, Samuel Guillaud-Lucet et Thomas Pineau sont ses membres, ils convient ici Miléna Martin (Violoncelle et chant additionnel sur Missing Parts) et Jozef Leysen (Bugle sur Pondering about Sunny Days). Ca les avantage, le panel développé en tire bénéfice et d’emblée From seeds to town se fait remarquer par la subtilité de son décor et son impact vocal. Saccadé, porté, aussi, par une batterie présente, il mêle post-rock, donc, et flamme pop-rock exaltée. S’il dure près de six minutes, ce début n’augure que du bon pour la suite. Il met de l’ombre dans sa clarté, se sous-tend, tient en tout cas ses promesses. Griffures et mélodies se donnent la main, pour un premier jet de qualité. About Castles Part 1 lui succède, son fond est post mais un doux tumulte le caractérise. Chanté joliment, joué avec brio, le morceau répète ses motifs et fait le beau sans sombrer dans le mièvre, loin de là. Son second volet, About Castles Part 2 donc, s’embrase et s’appuie, lui aussi, sur l’alliance entre traits fins et passages écorchés. Ca prend bien, le ton narratif des vocaux amène, de plus, du cachet.
Au mitan de ce About Castles bien édifié, on tient déjà trois pièces de choix. Bien fringuées, avec quelques trous dans le tissu histoire de ne pas faire trop propret. L’EP est exécuté dans la vérité, il sonne réellement live et ne vient pas se masquer derrière un vernis tricheur. Pondering about Sunny Days lâche des notes cristallines, puis un crachin noisy bienvenu. On conserve, évidemment, l’élégance du chant. Le rythme s’emballe, dans la chatoyance. On entend là le cachet des chanteurs reconnus, leur impact émotionnel et évocateur. Le bugle vient border le tout, efficacement. Missing Parts, embelli pour sa part par le violoncelle, prend une tangente folk pleine de vie, puis euh… »post-pop », de bure et de velours. Sur une durée conséquente, à nouveau, à la fin orageuse et vocalement fervente. Bacaruda, je le dis et l’écris, mérite l’intérêt de tous. Pour ceux qui se montreraient dubitatifs, Outro vient poser une dernière touche sereine.
On finit donc doucereusement, au fil d’un instrumental bref qui aurait, je pense, pu s’enhardir et se prolonger. Qu’importe, il berce et quoiqu’il en soit, l’ep fait mouche sans discontinuer. De Caen j’avais retenu, il y a quelques années déjà, Kim Novak. J’y joins Bacaruda, à l’effort initial à l’allure de joli présage. On souhaite au trio de valider ses capacités, il dispose pour ça d’une carte de visite qui lui donne d’ores et déjà un certain crédit.