Duo parisien, Moïse Turizer s’essaye à malaxer post-punk et électronique. Modern light est son premier EP, les pré-sélectionnés pour le Printemps de Bouges s’y illustrent en débutant sous l’égide d’un Fantasy plutôt et globalement serein, doté, cependant, de giclées soniques bien senties. Le propos est pour l’instant mélodieux, sali sans excès par les deux comparses. On attend un peu plus, malgré l’indéniable valeur de l’essai. L’éponyme Modern light, entre EBM et post-punk, donc, froid et entêtant, aux atours rêveurs, fait la différence. Il s’emporte, lâche des sons fatals à la Rendez-Vous. On est là au Superior State, portés par l’allant et le débridé d’une composition sans ratures si ce n’est celles, pertinentes, d’un son volontairement dépoli. Réputé pour ses prestations live explosives, Moïse Turizer dispose semble t-il d’un arsenal de nature à optimiser ses scènes.
Nightfall, plus saccadé, plus chatoyant, aussi, dans ses décors, complète et étend le champ d’action du projet. Ses approches sont variées, sans nuire au rendu. Avec Who knows, on trace allègrement, on remet du son accrocheur dans la marmite et on boucle comme il se doit. Le morceau pulse, grésille, et fait mouche. En quatre chansons, la paire fait montre d’ atouts rassurants quant à sa capacité à s’inscrire dans la durée. Modern Light, pour un premier jet, est d’une belle teneur. Il reste toutefois deux titres à « checker » et Flashback, de haute volée, poursuit selon la même qualité. Voix traficotée, fond cold aux guitares vrillées, incrustes sonores presque indus: le bazar est bien ficelé. Moïse ne se met pas dans la mouise, capable de s’élever par le truchement de réalisations judicieuses.
On en vient à ce moment, déjà, à la fin des réjouissances. Déjà heureux d’ajouter, à nos nombreux fleurons naissants de l’hexagone, Moïse Turizer, on se rend compte que celui-ci sait aussi bien finir. C’est important, ça permet d’éviter l’inégal et City of Angels, sur un ton qui évoquerait Depeche Mode dans ses moments les plus aériens, termine le taf avec une certaine sensibilité. J’ergoterai, une fois de plus, en me disant qu’un morceau percutant de plus n’aurait rien gâché. Mais l’ep, sur six titres dont aucun ne sent le rance, marque des premiers pas réussis pour Moïse Turizer, qu’on attend donc au coin du bois, s’agissant des actions à venir, et qu’on enfourne dans nos platines avec un plaisir non-dissimulé.