Déjà honoré ici, Spinabifida « from Aix » nous fait la surprise d’un nouvel EP, joliment intitulé Ugly Pop. Celui-ci sort chez Ganache Records, où résident d’autres combos qui font les beaux, « po mal du tout » et répondant aux noms, pêle-mêle, de Copernic, Le Crapaud et la Morue, Jim Younger’s Spirit ou encore Turkish Toilets, pour faire court. Spécialisé, tel l’éducateur, dans la confection de morceaux grungy-pop indé de belle teneur, le quatuor du sud la joue rude, mais pas trop, et débute mélodiquement au son d’un Weezerien The Queen. Un premier exercice réussi, on ne s’inquiétait toutefois que très peu car les mecs, on ne l’apprend pas, savent faire. C’est sûrement pour ça que l’excellent Grace, dopé aux guitares loquaces, fort de voix éraillées et d’une basse façon Novoselic, enfonce à son tour le clou dans la planche, jamais trop savonneuse si on tient compte de la dextérité de Spinabifida.
On aime la pop, ses mélopées. On aime tout autant, voire plus, gueuler dans l’mic et Slow, percutant, permet aux grattes de nous rentrer dans la rate. Elles s’offrent une intervention débraillée, que les vocaux mélodiques accompagnent parfaitement. Quant à la rythmique, elle chaudronne allègrement. « Mignonne, allons voir si la rose… »; oups, je m’égare! On n’est pas chez Ronsard et s’il fallait en apporter la preuve, Freeskies t’en met plein la gamelle. Ses « Blah blah blaha » géniaux de niaiserie lui filent de l’allant, collent aux dents et restent en tête. Le tout sans se prendre la tête, avec l’assurance de ceux qui s’y entendent.
Rien de tel pour marquer les esprits sans réinventer, non plus, la mouvance visée. Il ne s’agit pas de ça, on s’échine plutôt à balourder du morceau de taille. Et on s’y tient, sans démériter le moindre instant. Le fait vaut d’être relevé, Sincericide appuie d’ailleurs mon constat en tirant une pop-rock bien couillue, sur laquelle repose des mélodies valables. Mazette, c’est déjà fini! « You try to wake me up… », dit The Queen auquel on revient pour se remettre une tournée d’Ugly Pop. C’est réussi, impossible de s’assoupir quand bien même les airs poppy de Spinabifida incitent à dodeliner de la tête. Voilà une collection de morceaux dans l’exacte lignée des sorties précédentes. On ne change pas une équipe qui gagne, on se fout aussi pas mal de l’impression de déjà entendu qui se fait jour: tout est bon, c’est ce qu’il faut noter avant toute chose.
On valide donc, comme avec toute parution de chez Ganache. S’il se contente, pour l’heure, d’eps et de morceaux regroupés par deux ou trois, Spinabifida pourrait un de ces jours tenter l’opus. Sa capacité à composer des chansons valeureuses, de la pop au grunge en passant par la case efficience, en ferait assurément un produit de choix.