A l’heure où de nombreux clubs ferment leurs portes, le Verlatour du très affairé Jocelyn Soler continue à produire et à reluire. Du son, électronique, virevoltant, qui parviendrait à complètement me faire intégrer la dite musique si le chant s’y faisait plus fréquent encore. Et qui, boosté à l’énergie Jocelynienne, accouche de bien belles prods. Evasion EP, où figurent deux instrumentaux et deux autres plages dotées de chants, assure un bel équilibre et permet à notre homme, de plus en plus affirmé, d’enfoncer la boucle d’une « zik » qui, il faut le dire, s’avère sacrément dansante, vitaminée et non linéaire. C’est d’ailleurs Evasion, le titre éponyme donc, qui pulse le premier. A la fois nuageux (dans ses motifs) et emporté (dans sa cadence), il se positionne au carrefour des climats. Ca, notre « Jo » sait faire. Mais il réussit la prouesse, à chaque sortie, de dépoussiérer gaillardement nos carcasses confinées. Allez, on breake un peu, dans un magma de sons entrechoqués. On repart, et subsiste cette agréable sensation de s’élève entre ciel et terre, ou plutôt souterrain. J’aime les voix oui, y’en a pas non, mais je me trémousse sur le morceau, y’a rien à faire. Il est bon, Jocelyn. Et modeste.
En mouvement donc, Sabbat, de cette même étoffe alerte jalonnée de sons qui visitent l’espace, valide l’adresse de Verlatour lorsqu’il s’agit, sans nous y perdre, de faire voyager ses convertis en zone de turbulence. Dans l’excellence, quand bien même je me dis, ou presque « Mais claque-nous du chant là d’dans mon Jo! ». Alors, non pas pour me faire plaisir mais parce que ça a de la gueule, U are my sweet thing pose une voix, éparse certes mais qui apporte. Electro, tapageur et truffé, une fois de plus, de sonorités spatiales dont certaines dépaysent, le morceau assied l’emprise de Verlatour sur le « clubisme » sonore. On est déjà, s’agissant du mouvement en question, sur des bases élevées. Mais on n’en a pas fini car en guise de cerise -enragée- sur le gâteau synthétique à bouffer à grandes bouchées, Mister Soler convie Aurelien Farlet, un déviant aussi çui-là, issu de la même ville, Omiens en Somme. Keep your ears open, mon jeune ami; Keep your eyes open va te terrasser. Joue pas les grands, joue pas non plus les chauds: il est plus fort que toi.
Chant qui déblatère, boucles « eud’bâtard » (t’es Picard ou tu l’es pas..), rythme puissant, chants changeants entre athlétique et beuglé y font un carton. Le Farlet, c’est pas un lapin d’six semaines. Il donne tout, en furieux que ses années avec Anorak ont façonné à grands coups de métal déchainé (en live comme sur disque, ça te ratatine comme un rouleau-compresseur tasse le bitume). A côté de ça, il peint. Si si. Et bien. Mais c’est pas un peintre. Bref, cette chanson survoltée est un tube. A l’écoute, Prodigy verdirait. Le flow m’évoque Heitham Al-Sayed, de Senser. C’est dire s’il y a pire en termes de références. Le flux, sorti du cerveau de monsieur Verlatour, est incoercible. A l’arrivée, ça nous fait un EP qui, joué fort, te met en conflit avec le voisinage. Verlatour, fais-y un tour. Ca te déridera: quand ce bordel géré par la 7ème compagnie (j’entends par là le « gouvernement ») sera fini, de toute façon, Verlatour ralliera les foules. On transpirera, dans la pénombre, pendant que le Jo s’affairera sur son attirail.
Pour cela, Verlatour s’est constitué un arsenal désormais complet, dont on sent toutefois qu’il ne demande qu’à s’étoffer encore et toujours. Rouvrez les salles bordel, on a besoin de se faire bouger. De communier, d’oublier et de s’oublier. De danser, comme un con ou avec classe et peu importe nos classes. On a besoin d’Evasion, de Verlatour comme « jadis » The Name (mais soyez à l’affut, m’est avis qu’y sont pas finis ces deux-là…) nous enflammait, mettant à sac une Lune des Pirates où rien ne rate. Rendez-vous est pris et dans l’attente, on poussera le volume jusqu’à ce qu’il nous vole dans les plumes, au son de ces quatre morceaux d’ores et déjà enclins à partir au combat, à nous procurer du Bon Temps au point qu’on lui achète ses Records pour, à domicile, s’en remettre une bolée salvatrice.
Ajoutons, pour conclure définitivement, que c’est là le premier opus que le sieur Soler a enregistré et mixé, dont les clips sont ses premières en tant que réalisateur. Si avec ça tu ronchonnes encore, Yvonne, c’est vraiment que tu es conne.