Français et basé à Bruxelles, David Chazam mène le projet Votre Chazam et officie depuis au moins trois décennies dans diverses disciplines dont aucune ne se veut rangée. Danse contemporaine, théâtre « ennuyeux », films, création radio, improvisation et « electropoppy punk music in wild clubs » constituent ses champs d’action. Avec « The worst of your Chazam« , il nous impose une jouissive giclée de travaux où chants masculino-féminins, post-punk d’époque endiablé, folie façon B 52’s (PUNKS are FIFTY qui ouvre le bal) assurent un ensemble dingue, génial, groovy et dérangé. Rien de tel, en ces temps ternes, pour remettre du jubilatoire dans la grande foire mondialisée. Au son du pire, bien sur, aux airs de meilleur. I will not pay et ses riffs basiques, son insistance sur le refus de cracher les ronds, prolonge et affirme l’inobéissance. Il en résulte un joli fracas sonore, enfanté par un gaillard qui, visiblement, fait tout bien tant que c’est pas trop droit. Do you know Hugues Martin? et ses coulis de synthés, ses sonorités-gimmicks déments, me rappelle merveilleusement je ne sais plus quel morceau…ah si, le Frank Sinatra de Miss Kittin, mais aussi celui des regrettés Pravda. On parle ici, certes, d’un certain Hugues. Mais le rendu, dansant et addictif, couronne notre homme.
Bon et pas si con tout ça! Bien fou aussi. C’est bien, la folie permet de s’extraire du merdier étatique. Allez-y les policiers, entre yéyé et punk cru, entre Wampas et attaque à la matraque, en remet une pelletée. Il fait du bruit, histoire de se faire entendre. Mission accomplie, on en tiendra compte dans le son comme dans le verbe. You can’t make a good FARCI (without love), ensuite, flirte avec le blues et le garage. Saccadé et impétueux, irrévérencieux, il speede et chamboule tout. Chazam contourne les routes bitumées, passe par des chemins de traverse. Il fait d’la zik qui file la trique, gueularde et gouailleuse. Joyeuse aussi, parfois, mais dans la débandade. A head ahead, sur presque deux minutes mais en d’ssous quand même, aligne les sons triturés. C’est un instru bricolé, Chazam excelle dans l’exercice.
Revigoré, on attaque alors la fin du bordel car l’ep vinyl, beau et coloré, est tout de même bref. Exulceration marie bruits fous et voix azimutée. Chez le néo-Belge, ça fonctionne sévère. No hell, en toute fin de délire, pose alors ses jalons électrobarjo, chantée avec déviance et porteuse de boucles rassasiantes. On y fait le fou, une fois de plus. C’est ce qui sied le mieux à David, bien loin de faire dans le vide. Son foutoir plein d’espoir (ou pas), imprenable, met des taloches retentissantes à la moutonisation, à la bien-pensance qui sent le rance. Allez-y les policiers, tombez donc la tunique; il y a là, largement, de quoi se remuer le fessier en braillant sur l’état du monde. L’oeuvre du bonhomme est d’ailleurs fournie et à chaque sortie valable, j’en veux pour preuve la tripotée de sorties audibles via son Bandcamp ci-dessous.