Déjà honoré ici pour son What more? (décembre 2019), le Parking Dance de Matthieu Bonnécuelle, basé à Toulouse où décidément, on fait du bon, remet le couvert cold avec Can’t explain. Ceci après un HOPELOVE LOVEDOOM sorti en mars dernier, dont je n’ai malheureusement pas eu vent mais qui après écoute, de par ses climats éthérés, vaut très largement le détour. Pour en revenir à Can’t explain, outre le côté prolifique du bonhomme, on y entend avec délectation une salve de morceaux sans soleil, louchant vers Jessica 93 et/ou le Pornography de The Cure. Entre autres et pour situer « vite fait » car le projet, fort désormais de plusieurs sorties valables, développe une seule approche: la sienne. Get off et sa basse galopante, ses bords célestes mais rythmés, amorce d’ailleurs bien les choses. Les guitares laissent le boucan filtrer. Qu’on ne s’y trompe pas; avec des gaillards cde cette trempe, on attend n’importe qui de pied ferme. Les saccades de Someday, sa section « guit-bass » opaque font à nouveau sensation. Les spirales sonores emprisonnent l’auditeur, le retiennent captif d’une bulle malaisée, viciée dans le son, que Hold vient étayer. Killing Joke, celui de Fire Dances, me vient alors à l’esprit. Peut-être l’ai déjà cité, sur d’autres lignes consacrées au sudiste. Peu importe, le rapprochement montre bien qu’on n’a pas à faire à un insignifiant.
Rags poursuit de la même manière, moins alerte peut-être, plus lancinant. Le résultat est identique, à savoir prenant. En cette année de grisaille, Bonnécuelle nous pond le recueil sonore rêvé. Shore instaure une certaine finesse, mais demeure froid. Le chant s’y éclaircit; on revient, presque, aux atours qui firent le charme de Hopelove lovedoom. Ca fait respirer l’album, lequel ne s’en tient pas à une seule et exclusive direction. Loin de là. Karma paranoid bouillonne, bien plus bruitiste. Sa basse ponctue le tout en pulsant. Parking Dance est à son aise en toutes circonstances, entre élans cold donc, et post-punk de toute première bourre. Ses guitares ont du nerf, ses morceaux une accroche forte.
No worries, dit alors le septième titre de cette fière collection. C’est évident: son ambiance déliée, aérienne, incite pratiquement à la sérénité. A l’image de Rags, la chanson apporte une dynamique différente sans casser la cohérence générale. Shaking impose sur son début une note exotique, puis vire en un essai cold typé. Et typique, du genre. Là aussi, l’approche se veut nuancée, évite le recours au tout-fonceur. Badbye, lent et rêveur, l’imite dans ses attitudes. Just dance fait le subtil/alerte, son début dépayse comme d’autres passages du disque. Celui-ci sort chez Icy Cold Records, sa fiabilité est donc défibitivement établie. De toute façon tout y est bon, on dispose en France d’une belle lignée d’artistes qui s’affairent en solo, générant dans la fréquence des rendus irréprochables. Can’t explain l’est, Ocean transcend vient y mettre fin en couplant lui aussi vagues sonores déviantes et atmosphère troublée.
Parking Dance, une fois de plus, nous refile un opus sans fautes. C’est devenu une habitude, et ses créations une nécessité pour celles et ceux qui se réclament de la mouvance « réfrigérée ». Ils y qui trouveront tout ce qu’il faut pour danser dans l’ombre, dans l’underground, au rythme d’une Parking Dance étoffée par une ribambelle de morceaux supérieurs.