Angevin ou, tout au moins, du coin, -on est bien lancé-, You Know the Way a, d’après ses termes, substitué à sa cold-wave 80’s une forme de pop wave qu’il a pris soin, bien entendu, de ne pas trop polir. Live in dark romance, son nouvel opus, la fait fuser de partout et l’habille soit de rage, soit d’élans mélancoliques qu’à l’occasion, les synthés viennent napper. Les musiciens ont déjà de la route, ça sert l’intérêt du rendu, ça aiguise le notre. On ne met pas bien longtemps à allumer la mèche; It’s killing time, offensif, fait parler la poudre et ses gimmicks fatals. Entre cold -tout de même, on ne se refait pas complètement!-, post-punk et enrobage pop (wave) remonté, le début fait déjà gigoter les épaules. Let love rule, à la basse rondelette, étale les mêmes vertus. Plus modéré, mais appuyé, il marie organique rude, « crado », et synthétique plus léger. L’entrée en matière, pour coup, c’est du blindé. Stella, où les keyboards bordent une trame virevoltante, en remet une belle truelle. Madre de dios, c’est sûrement pas des peintres qui nous dessinent ce tableau là!
Whore, voix grave en sus, le balafre d’une giclée rock vivifiante. On aime les mélodies, qu’on place dans la ligne de mire d’un flux tendu. Du bien foutu, bourré de plans addictifs sur le plan sonique (The black bridge, par exemple, et ses tons doux-amers). Get out, bourru et asséné, vient quand sonne son heure créditer, derechef et comme un chef, la fine équipe. Notons que le dit titre a été mixé à Los Angeles par John Fryer, qui a travaillé avec Depeche Mode, The Cure ou encore N.I.N. On est donc bien entouré et Youth, dans sa joyeuseté vocale, ses mélopées à la brillance vivace, voit You Know the Way s’inscrire dans une veine pop-rock musclée. On trouve, constamment, le décor qui sonne juste. Pop wave pourquoi pas, si le terme ramène à l’idée de pop large, insoumise et, parfois, avenante (There is no room for hate, du moins en son amorce car sans trainer, le morceau durcit le ton sans oublier ses ritournelles). Les voix s’y complètent, pour un refrain entêtant et répété à l’envi.
Distance arrive ensuite: du groupe il nous…rapproche, pourtant, par sa pop rythmée, dont les boucles et guitares s’unissent sous le joug d’une section rythmique qui pulse. Nothing to hide est lui plus directement cold, son énergie punk et ses claviers guillerets en font toutefois un inclassable, ou plutôt un « hybride » stylistique doté de vocaux poppy. On en arrive à dix titres, sur les douze prévus et aucun d’entre eux ne flanche ou ne savonne la planche. She’s fade again rajoute du cold, du sombre, aux sonorités acidulées. Pour finir, on muscle son jeu, come Robert aurait du le faire, lorsque It’s over s’annonce, tout en réitérant des plans de synthés simples et malins. It’s killing time bien efficacement, tout ça. L’ennui n’a guère légion, le positionnement de You Know the Way entre divers courants le hisse à un niveau réhaussé, quelque part entre chaud et froid, entre satin pop et ombrage cold.
Ce Live in dark romance, au titre éloquent, porte en effet une collection de morceaux sans défauts, qui se succèdent sans temps morts. Il dévoile, en outre, des textes personnels, révélateurs d’un parcours de vie qui, ces derniers temps, s’est plus souvent frotté au piquant des roses qu’à leurs jolis pétales. Ses atours actuels aux quelques clins d’oeil à des ères révolues, judicieux, en vernissent les contours sans en gommer le côté souillé, pour finaliser un rendu de choix. Lequel, d’emblée, donne un élan appréciable aux quatre bonshommes formant le combo. Le secteur d’Angers se dote, après la référence ultime que constitue LANE et son fabuleux Pictures of a century, d’une nouvelle équipe gagnante, visiblement prête à en découdre et désireuse de s’implanter durablement. You Know the Way to Live in dark romance, c’est par ici messieurs-dames…