Canadien d’origine chilienne, Das mörtal concocte des morceaux entre synthwave et techno, tantôt « instrus », tantôt chantés, aux reflets 80’s bienvenus. Son registre est plutôt sombre; Miami Beach Witches, son nouvel essai, s’en imprègne et délivre une collection de morceaux qui arrivent, par leur panel sonore, à retenir l’attention. Le musicien à tourné avec Perturbator, partagé la scène avec Carpenter Brut, Gost, Danger, Dan Terminus, Tommy ’86 et Le Matos. Il s’est aussi produit dans des festivals tels que les très reconnues Transmusicales (FR) et le festival Osheaga (CA), dans ses terres donc. Aguerri, il s’adonne aussi à la B.O. et a pu collaborer, pour son premier opus (Always Loved, 2017), avec French Fox et Ghost Twin. Steve Moore et Aphex Twin sont ses « sources », il parvient la plupart du temps à s’en montrer digne dans le rendu. Ici Teenage angst, chargé de lancer la danse sombre, lui sert en quelque sorte à faire chauffer les synthés. C’est avec le titre éponyme, spatial et enlevé, qu’on entre vraiment dans le vif du sujet. Les boucles, puissantes, foncent. Sans chant, pourtant, ça me laisse sur ma faim.
Alors Wicked desires, à l’intense légèreté-ou à l’intensité légère-, doté de voix, fait que complètement, j’adhère. Il en émane des airs de Depeche Mode, des mélodies ferventes, qui font la différence. Black summer lips, de ses syncopes chantées elles aussi, balance sa brume agitée. Obscur et vaporeux, il crédite son auteur. Beyond the night assure un interlude également céleste avant que It comes, dans un brouillard que le chant vient trancher, ne fasse décoller l’auditeur persévérant. Les climats de Das mörtal, à la croisée des cieux et d’abords plus alertes, se font remarquer. Deathstream se place en nouvel interlude, il fait le lien avec Hex machina qui suit.
Instrumental acidulé, celui-ci fait son effet, certes, mais m’amène à regretter, une fois de plus, l’absence de vocaux. Lesquels, à mon sens -et cela n’engage que moi- relèvent le tout et lui confèrent une envergure décuplée. Age of solitude le prouve, il détient les clés pour mettre un New Order à mal sur son terrain favori. Des sonorités bien trouvées le bordent. The void, dans une sorte d’EBM bien furax, prolonge sans démériter, loin de là. Il a le mérite, de plus, de ne pas faire dans le linéaire. Il se pare, même, de sons ayant trait, de façon détournée, avec la caste rock. Hopeless necromantic, entre percus insistantes et motifs nuageux, lui succède. Vraiment dommage, quitte à me répéter, que le chant n’intervienne que de façon éparse.
Photo: Adrien Villagomez.
Witch kiss (outro) s’en dispense, d’ailleurs, au moment de conclure. Voilà un disque qui ravira les amateurs du genre, qu’il entrainera dans une danse extatique. Pour les autres, mais aussi pour le féru de voix que je suis, l’effet sera moindre ou plutôt, moins fréquemment prégnant.