Duo texan, d’Austin pour être précis, The Sideshow Tragedy, soit Nathan Singleton et Jeremy Harrell, s’est dans un premier temps essayé au blues roots Texan. Son dernier opus en date sortant chez Dixie Frog, référence « frenchy » du genre. A l’heure d’aujourd’hui, la paire revoit quelque peu son répertoire, à tonalité plus pop et rock aux intonations, récurrentes et réjouissantes, à la Lou Reed (The lonely one et sa dynamique country-rock cuivrée). Marc Ribot himself y apparait, sur le non moins bon Hold on it qui flirte ouvertement avec la funk et le hip-hop tout en dégageant des airs fusionnants relevés, encore, par des cuivres bien en vue. Quant aux guitares il suffit d’écouter: Ribot assure un featuring de classe totale. Ce After the fall est dynamique, musical et large d’esprit. Le titre éponyme joue avec les sons pour l’ouvrir joliment, timbre Reedien et motifs plaisants l’ouvrent et plus loin, on se retrouve en terres pop-rock franches du collier. Lié avec les français de Livingstone, The Sideshow Tragedy augure d’un contenu supérieur à la moyenne.
Easy action, sur fond de rock-blues et riffs basiques efficients en diable, l’emmène plus loin encore. C’est du pur jus, cuivres -c’est une constante- et allant mélodique assez wild pour convaincre s’incrustent aisément dans l’effort des Américains. Des choeurs enivrants accroissent l’étendue de ce titre rageur, que le Hold on it évoqué plus haut complète sans faillir. Racé et doté d’oreilles bien ouvertes, d’influences digérées, The Sideshow Tragedy brasse et excelle.
Avec Capital crime, à la fois doux et torturé, classieux et vocalement marquant, on reste de goût. Le bon ton persiste, chacun des titres d’After the fall produit l’effet attendu. Same thing, de riffs funk en chant délié, provoque des ondulations. Quelques clins d’oeil à la zik des origines, le blues tout d’abord, sont concédés. Des bordures soul relèvent le disque, qu’on ne se lassera pas, ou pas de sitôt, de remettre dans les players. Des organes vocaux de dame, à nouveau, colorent le tout. Les idées sont bonnes, elles servent l’intérêt d’un disque de fort belle tenue. What I mean, en empruntant au hip-hop dans le chant, mais sur un fond blues stylé, assure et met en avant le son façonné par Kenny Siegal (Chris Whitley, Langhorne Slim, Spottiswoode & His Enemies, etc..). On y passe d’instants sous-tendus à de réelles attaques, bien amenées.
On fait, ensuite, du Lou Reed d’époque (Forty days). La référence ne peut que plaire, elle s’accompagne de belles dispositions dans les arrangements. Il ne reste alors plus qu’à bien finir: Young forever s’acquitte de la mission sur une note cuivrée, au chant qui, une fois de plus, apporte du cachet. Le tour est joué, The Sideshow Tragedy ponctue son retour d’un album remarquable. Forever young!, répètent les voix à la toute fin de l’opus. Avec ce type d’effort, on y est contraint et la tache est facilitée par l’attrait constant des plages offertes. Bon de bout en bout, After the fall bouscule la hiérarchie et affiche une belle largesse, synonyme de valeur élevée.