Duo où nichent Rachel Geffroy (chant) et Simon Vouland (batterie/machines), Dalhia évolue dans un univers hybride, au sein duquel cold-wave, électro dark, bribes pop tourmentées-vaporeuses et contours vaguement hip-hop (l’introductif Your bitch is my target) se tirent la bourre. Sur ce morceau, donc, inaugural, féminité encanaillée dans le chant, nappes sombres et sons indus, concourent à attirer le quidam. Le déroulé est presque trip-hop mais façon Dalhia, obscur et mutin. C’est une certitude, la paire parvient à se démarquer, créant son univers personnel avec une certaine dextérité. La figure de proue Hide my face, opposée aux violences conjugales récurrentes, arrive ensuite pour cimenter l’approche de Dalhia. C’est à nouveau du dark, ombrageux et agité, underground, qui se présente. Sons noirs, rythmes directs et/ou saccadés, chant remonté s’allient et salissent…les cogneurs, dont les faits devraient être plus souvent dénoncés. Dalhia le fait, le ton de la chanson colle parfaitement avec la thématique choisie. Des cris, sur la fin, la ponctuent à l’unisson avec une cadence appuyée.
Sublimation, à l’occasion duquel l’organe de Rachel s’éclaircit, mêle électro et dream-pop. Le fond est à nouveau gris, mais s’y ajoutent des teintes plus claires. Dalhia confirme sa capacité à broder ses canevas à lui, déviants, redevables à des genres divers mais aussi, et surtout, à son habileté à se distinguer. Si Hide my face n’est évidemment qu’un premier jet, on en vient à son mitan avec, d’ores et déjà, quelques promesses s’agissant de l’avenir des deux comparses. Le furieux et alerte La marche de la mort, de voix « de robot » en vagues sonores qui démontent, envoie. On aime.
Was it worth it, dans l’élan, lance ses bruits de la nuit. Brumeux mais soutenu, il s’inscrit dans la lignée des créations « home made » de Dalhia. Le projet lâche, à tout-va, du son anti-Jul. J’entends par là, ingénieux et à l’opposé du creux que la caste des surmédiatisés nous sert à pleines bolées. On n’est pas là pour cueillir des roses, ni pour jouer aux faux durs. On est vrai, dans la démarche comme dans ce qu’on met en place, le dos tourné à toute forme de racolage. C’est In love with the snow, dont les synthés insistent sur les sons enivrants, aussi dark, donc, qu’occasionnellement aériens, qui met fin à l’EP. Le tout perché quelque part dans l’espace, selon des climats saisissants qu’on se remet illico, histoire de s’en imprégner de façon plus marquée encore.
Photo Pierre Viévard.
Dahlia, avec ces six morceaux solides, débute idéalement. On attend déjà la suite avec impatience, au regard de l’attraction qui émane de l’univers du projet. Puisse la conjoncture ne pas entraver de manière trop tangible l’avancée du groupe, qu’on se tient prêt à honorer pour ses méfaits sonores aboutis.